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NDDL: quelques dizaines d'hectares de parcelles agricoles conflictuels

Quelques dizaines d'hectares de parcelles sur les 1.250 ha de surfaces agricoles de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes font l'objet de litiges entre paysans souhaitant récupérer l'usage de leurs terres après l'abandon du projet d'aéroport et zadistes qui les occupent, des conflits devenus secondaires depuis l'opération d'expulsion sur le site.

Ces conflits d'usage - et non de propriété - entre personnes se battant pour exploiter les mêmes terres, "représentent au maximum 92 hectares. Il faut les régler, mais c'est peu de choses", soulignait fin avril la préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein.

L'état des lieux des exploitations devrait être présenté lundi, lors de la deuxième réunion en préfecture du comité de pilotage sur l'avenir agricole de la ZAD, avancé sur décision du Premier ministre après trois semaines d'opérations de la gendarmerie sur le site.

"Les zones de conflits, c'est plutôt 50 à 60 hectares grand maximum puisque certains agriculteurs ont dit qu'ils ne pouvaient pas entrer sur leurs parcelles car il y avait des cabanes mais c'était faux, l'un d'entre eux n'exploitant même plus ses terres depuis deux ou trois ans", affirme Dominique Deniaud, président de la Confédération paysanne de Loire-Atlantique. "Et moins il y a d'hectares, moins c'est un problème", souffle-t-il.

Les "terres à conflits" sont concentrées principalement à l'ouest de la ZAD, sur le site de Saint-Jean-du-Tertre où deux occupants ont déclaré des activités à la mutualité sociale agricole (MSA) sur des parcelles squattées, ainsi qu'à l'est.

Elles ne concernent ni les terres exploitées sur 310 hectares par les quatre paysans "historiques", en lutte contre le projet d'aéroport qui ont toujours refusé de percevoir des indemnités, ni les 270 ha de parcelles qui doivent encore faire l'objet de conventions d'occupation précaire (COP) et sur lesquelles des zadistes ont déposé des projets agricoles.

- "Le beurre et l'argent du beurre" -

Ces quelques dizaines d'hectares représentent ainsi environ 10% de la surface agricole du territoire dont les parcelles étaient redistribuées chaque année par le concessionnaire de l'aéroport aux agriculteurs impactés par le projet et ayant perçu des primes d'éviction.

"Ils ont touché les indemnités et maintenant qu'il n'y a plus de projet d'aéroport, ils voudraient le beurre et l'argent du beurre", déplore Sylvain Fresneau, agriculteur "historique" et président de l'Adeca, association d'exploitants anti-NDDL créée en 1972. Il estime que "pour au moins la moitié des surfaces, ça pourrait se régler à l'amiable, entre quatre yeux".

Créée après l'abandon du projet pour peser sur la répartition du foncier, l'Amelaza (Association pour le maintien des exploitations légales sur l'ancienne zone aéroportuaire) envisage des discussions, mais "au cas par cas". "Certains agriculteurs proches de la retraite vont peut-être vouloir partir. Mais pour les autres, ils ont signé des conventions, leurs parcelles sont squattées illégalement et l’État n'a jamais rien fait", regrette son président, Mickaël Mary, qui exploite 60 ha sur la ZAD, dont environ 10 sont occupés.

"Les 270 ha où les zadistes ont déposé des projets ne nous intéressent pas. On ne fera pas de concurrence sur cette partie là, on leur foutra la paix mais qu'ils nous foutent aussi la paix sur nos parcelles", prévient-il.

Pour le président de la Chambre départementale d'agriculture, Jacques Lemaître, les conflits d'usage "ne correspondent plus à rien". "Aujourd'hui, il y a encore plus d'hectares inaccessibles car il y a 500 zadistes qui ne veulent pas s'en aller et qui empêchent les agriculteurs de travailler. La situation est plus compliquée qu'il y a un mois", peste-t-il.

"La première priorité, c'est l'accessibilité aux parcelles. 95% des surfaces agricoles étaient accessibles la veille de l'intervention des gendarmes. Quatre semaines après, il n'y en a plus que 50 ou 60% et deux routes sont bloquées par les forces de l'ordre", renchérit le président de la Confédération paysanne.

"Les conflits d'usage, ce n'est pas le plus compliqué", constatait aussi la préfète Nicole Klein.

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