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NDDL: une opération massive et imminente pour expulser les occupants illégaux

Le compte-à-rebours a commencé: un déploiement, en grand nombre, des forces de l'ordre est désormais imminent sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), afin d'en expulser ses occupants illégaux, près de trois mois après l'abandon du projet d'aéroport.

L'opération, prévue "la semaine prochaine", doit durer au moins une semaine, et mobilisera vingt-cinq escadrons de gendarmerie mobile, soit environ 2.500 militaires, selon une source proche du dossier.

Le 17 janvier, en mettant fin à ce projet vieux de cinquante ans, le Premier ministre Édouard Philippe avait fixé un ultimatum aux occupants de l'ex-"zone d'aménagement différé", rebaptisée "zone à défendre", leur donnant jusqu'au printemps pour se régulariser ou partir d'eux-mêmes, sous peine d'être expulsés.

Dimanche, au lendemain de la fin de la trêve hivernale des expulsions, cette mise en demeure a expiré. Et rares sont les "zadistes" - quelque 250 actuellement - à avoir quitté le site de 1.650 hectares ou à s'être mis en situation de "légalité", en déclarant par exemple de nouveaux projets agricoles individuels.

L'annulation d'un voyage d’Édouard Philippe au Mali ce weekend, en raison d'une "actualité dense en France" sur le front social, n'est pas non plus étrangère à cette intervention, selon des sources gouvernementales, alors que l'exécutif prépare son scénario d'expulsion.

Il s'agit de la première opération de grande ampleur depuis l'automne 2012 et une tentative d'évacuation massive donnant lieu à de violents affrontements. Baptisée "opération César", elle avait viré au fiasco malgré le déploiement de plus d'un millier de gendarmes et policiers.

Cinq ans et demi après, le projet de transfert de l'aéroport nantais n'est plus. "On ne refera pas César, ça c'est sûr", avait prévenu en mars la préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein.

Elle a renouvelé mercredi et jusqu'au 12 avril au soir cinq arrêtés préfectoraux, pris après l'abandon du projet pour contenir l'afflux possible de "plusieurs centaines de militants radicalisés". Ils interdisent notamment le transport de carburant, de matières dangereuses et d'objets pouvant servir d'armes, à l'intérieur et autour de la ZAD.

- "Résistance physique et déterminée" -

Depuis que le 9 avril comme date d'évacuation a fuité dans les médias lundi soir, les "zadistes" ont réitéré leurs appels à venir s'opposer aux expulsions sur le site, à reconstruire tout squat détruit mais aussi à se rassembler devant les préfectures, notamment à Nantes et Rennes.

"Comme en 2012, on ne se laissera pas faire: la résistance sera physique et déterminée", avertit le mouvement d'occupation, invoquant une "force hybride" faite de "barricades, blocages humains ou avec tracteurs, sabotages, projectiles, cabanes perchées" ou "harcèlements divers".

Des soutiens extérieurs sont déjà arrivés sur la ZAD cette semaine pour aider à "une quinzaine de chantiers", prévus pour durer jusqu'à dimanche, a affirmé une occupante à l'AFP. "Ça ne se compte pas par milliers mais il y a du monde", a-t-elle ajouté.

Les occupants promettent également en cas d'intervention des forces de l'ordre de bloquer les routes, dont la départementale 281. Les travaux de remise en état de cette ex-"route des chicanes", protégés quotidiennement par 200 gendarmes mobiles, ont pris fin la semaine dernière, mais l'arrêté du département y interdisant la circulation n'a toujours pas été levé.

Érigée par l’État en symbole du "retour à l'état de droit" sur le site, la RD281 est un point de crispation au sein du très hétérogène mouvement anti-aéroport, du fait de la présence à ses abords immédiats d'une minorité refusant toute régularisation.

Certaines associations, dont la principale, l'Acipa, ont dit dès le mois de janvier qu'elles ne viendraient pas "défendre cette route qui doit devenir circulante". "On protègera peut-être des lieux, mais que s'ils font l'objet de projets agricoles ou para-agricoles", explique Julien Durand, porte-parole de l'Acipa.

L'arrivée massive de forces de l'ordre "risque de mettre le feu sur le territoire demain", craint Vincent Delabouglise, membre du collectif d'organisations agricoles Copain 44. "Rien ne justifie une expulsion d'urgence", estime-t-il, alors qu'une "grande majorité" des "zadistes" cherche à "être dans le droit commun" et porte auprès de l’État son souhait d'une convention d'occupation temporaire et collective des terres.

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