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Nissan désigne comme nouveau DG Makoto Uchida, chef de sa filiale en Chine

Le constructeur automobile japonais Nissan, en pleine refonte de sa direction depuis l'éviction de Carlos Ghosn, a choisi mardi comme nouveau directeur général Makoto Uchida, 53 ans, actuel patron de la filiale chinoise du groupe.

Le conseil d'administration de Nissan, qui s'est réuni mardi au siège du groupe à Yokohama, près de Tokyo, a également nommé directeur des opérations (COO) l'Indien Ashwani Gupta, qui occupe actuellement les mêmes fonctions chez le partenaire Mitsubishi Motors. Un haut responsable de Nissan, Jun Seki, deviendra quant à lui vice-COO.

"Le conseil a conclu que M. Uchida est le dirigeant qu'il faut pour mener l'entreprise de l'avant", a déclaré le président du conseil d'administration, Yasushi Kimura lors d'une conférence de presse à Yokohama.

Masakazu Toyoda, qui dirige le comité de nomination de Nissan, a souligné pour sa part que les trois hommes étaient "des citoyens du monde".

"Et ils attachent une grande importance aux alliances et sont motivés pour prendre des décisions rapides", a-t-il ajouté.

Ces nominations devront être effectives d'ici le 1er janvier au plus tard.

- Une "très bonne nouvelle" pour l'alliance -

Tant M. Uchida, M. Gupta que M. Seki étaient des candidats au poste de directeur général, selon des sources proches du dossier interrogées ces dernières semaines par l'AFP.

Au final, le conseil d'administration a donc décidé de les associer, plutôt que de n'en choisir qu'un seul.

"Nous pensons que cette structure est la meilleure pour surmonter les difficultés auxquelles la société fait face", a plaidé mardi M. Toyoda.

Cette direction collégiale est "un outil complet, une nouvelle équipe plus jeune et internationale" a également salué une source proche du conseil interrogée mardi par l'AFP.

"C'est une très bonne nouvelle pour le nouveau Nissan, et pour l'alliance" avec Renault et Mitsubishi Motors, a insisté cette même source.

Un patron de Nissan favorable à l'alliance, dont les chantiers sont paralysés depuis l'éviction de Carlos Ghosn fin 2018, était l'une des priorités pour Renault, qui détient 43% de Nissan, ainsi que pour l'Etat français, qui possède 15% du constructeur tricolore.

"Ce qui nous importe nous, en tant qu'actionnaire de Renault, c'est que le futur dirigeant de Nissan soit bien pro-alliance, évidemment", avait ainsi souligné vendredi dernier Martin Vial, le président de l'Agence des participations de l'Etat (APE) français.

- Diplômé en théologie -

M. Uchida est un des vice-présidents de Nissan, où il travaille depuis 2003, après avoir commencé sa carrière au sein d'une maison de négoce japonaise. La presse nippone le décrit comme ayant joué un rôle clé dans la stratégie de croissance du groupe ces dernières années.

Diplômé de théologie - un profil plutôt atypique pour un dirigeant automobile - il est impliqué de longue date dans des projets communs avec Renault.

Entre 2016 et 2018, il était notamment responsable des achats au sein de l'alliance entre les trois constructeurs.

Agé de 49 ans, M. Gupta a également travaillé pour Renault ainsi que pour Nissan par le passé. Il est actuellement aussi responsable de l'activité des véhicules utilitaires légers au sein de l'alliance, en plus de son poste de COO chez Mitsubishi Motors.

Quant à Jun Seki, 58 ans, il a fait toute sa carrière au sein de Nissan et il est chargé depuis mai dernier du "redressement de la performance" du groupe.

Nissan était sous pression pour se trouver rapidement un nouveau capitaine après le départ précipité de son directeur général Hiroto Saikawa, poussé à la démission le mois dernier après avoir été rattrapé par un scandale de prime indûment perçue en 2013, à l'époque où Carlos Ghosn dirigeait encore le constructeur automobile.

Rien n'a cependant filtré mardi soir sur un autre dossier brûlant, qui était aussi censé être au menu du conseil d'administration: le fait que plusieurs autres cadres exécutifs de Nissan, toujours en place pour certains, auraient également perçu des primes indues par le passé, comme M. Saikawa, M. Ghosn et son ancien bras droit Greg Kelly.

Parmi eux figure Hari Nada, l'influent responsable des affaires juridiques de Nissan, réputé avoir joué un rôle clé dans la chute de M. Ghosn, arrêté puis inculpé au Japon fin 2018 pour diverses malversations financières présumées.

"La situation n'est plus vivable" en raison de cette "transparence incomplète", avait récemment déclaré à l'AFP une autre source proche du dossier, souhaitant le départ de ces éléments "toxiques" selon elle, aussi bien pour Nissan que pour l'alliance.

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