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Notre-Dame-des-Landes, une victoire pour Hulot, même s'il s'en défend

Ministre de l'Ecologie écouté mais parfois aussi bousculé, Nicolas Hulot a remporté de fait une victoire politique majeure mercredi avec l'abandon du projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, bien qu'il s'en défende.

Figure de proue de la lutte environnementale, il était opposé de longue date à ce "projet du XXe siècle", "ruineux, inhumain et inutile". Et beaucoup avaient fait du sort du dossier, paralysé depuis 50 ans, un marqueur de son influence réelle au sein du gouvernement, à même de le pousser à claquer la porte.

Dans sa première réaction après l'annonce de l'abandon du projet, il a pourtant pris soin de rejeter le terme de "victoire": "Ce n'est pas le mot. Je pense que ce n'est la victoire de personne aujourd'hui", a-t-il dit au journal Le Parisien/Aujourd'hui en France.

Il a assuré avoir appris l'abandon du projet "mercredi matin au conseil des ministres". "C'est le Premier ministre et le président de la République qui ont pris cette décision courageuse", a-t-il affirmé.

Reste que cette décision est "évidemment une victoire pour" lui, estime Pascal Canfin, directeur du WWF.

"Sa présence a été un élément clé pour amener le gouvernement sur cette position," juge-t-il. "Sa présence augmente le niveau d'exigence et d'ambition sur les sujets environnement, car il a le poids politique suffisant, même si ça ne veut pas dire qu'il gagne tout le temps".

Au fil des années, Nicolas Hulot s'est rendu sur place plusieurs fois -- accueilli d'ailleurs en 2011 par un fameux jet d'épluchures de carottes venu d'un opposant énervé, en pleine campagne de primaires écologistes pour la présidentielle.

- 'Pas de deal' -

Notre-Dame-des-Landes, promesse de nouveaux sols bétonnés, est "un cas d'école de ce à quoi il va falloir renoncer", estimait-il dans un livre publié avant d'être ministre. Il questionnait aussi "la légitimité" du référendum de 2016 en faveur du nouvel aéroport, qui n'avait pas abordé les autres options.

A-t-il pour autant posé le dossier sur la table avant d'accepter d'entrer au gouvernement en mai 2017 ? Début 2016, il avait décliné l'offre de ministère faite par François Hollande faute d'assurances sur un abandon du projet.

Mercredi soir, il a une nouvelle fois nié l'existence d'un quelconque deal: "J'ai exprimé mon opinion et ce n'est un mystère pour personne que j'étais contre ce projet".

"J'ai participé au processus de décision comme d'autres ministres, mais je ne voulais en aucun cas faire pression car j'estime que cela aurait été malsain", a-t-il martelé.

Nicolas Hulot "n'a pas fait de chantage sur ce sujet, ni à son entrée au gouvernement, ni ces derniers jours", dit le député LREM Matthieu Orphelin, un proche.

Le candidat Macron s'était, dès février 2017, prononcé pour une médiation, se montrant plus ouvert qu'auparavant à une modernisation de l'actuel aéroport nantais.

Les pro-NDDL n'ont pas manqué d'accuser Nicolas Hulot d'ingérence pendant les six mois de médiation, du fait notamment de la présence d'un proche parmi les médiateurs. Il s'en est vigoureusement défendu.

- Utile -

Depuis la publication mi-décembre du rapport jugeant "raisonnablement envisageables" les deux options (NNDL ou extension de Nantes-Atlantique), Nicolas Hulot est revenu dans le jeu, discrètement, aux côtés d'autres ministres, recevant les élus avec Edouard Philippe chargé de conduire le dossier.

La députée PS et ex-ministre de l'Ecologie Delphine Batho a dit "+merci Nicolas+", estimant qu'il "a certainement oeuvré à la décision".

Cette victoire consolera peut-être Nicolas Hulot de précédentes déconvenues au gouvernement. En octobre il avait fallu un dîner avec Emmanuel Macron pour rassurer cet "inquiet" - comme le qualifie le président.

Au chapitre de ses déceptions, le premier bilan des Etats généraux de l'alimentation, dont il bouda la clôture. Ou la mise en oeuvre de l'accord de libre-échange UE-Canada (Ceta).

Mais parmi ses victoires, la décision de la France, contre Bruxelles, de limiter à trois ans la réautorisation du glyphosate, ou d'interdire la recherche d'hydrocarbures.

Et des sujets de plus grande ampleur que NDDL l'attendent encore: feuille de route énergétique et nucléaire, réforme fiscale... ainsi que l'avenir de projets d'infrastructures, en "pause" pour raisons financières.

Face à cet agenda, il se donnait en octobre "un an" pour mesurer son utilité.

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