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Nouveau coup dur pour Credit Suisse avec la démission surprise de son président

Credit Suisse, le numéro deux du secteur bancaire helvétique, encaisse un nouveau choc avec la démission de son président, le Portugais Antonio Horta-Osório, éclaboussé par des révélations autour des règles de quarantaine qu'il avait enfreintes.

La démission de M. Horta-Osório, qui avait promis de remettre la gestion des risques et les responsabilité personnelles au coeur de la culture de la banque après une série de scandales, entre en vigueur avec "effet immédiat", a indiqué la banque dans un communiqué.

Credit Suisse a confié le poste à Axel Lehmann qui avait rejoint le conseil d'administration en octobre à l'issue d'une assemblée générale extraordinaire en tant que responsable du comité de gestion des risques.

Le conseil d'administration a dit respecter la décision de M. Horta-Osório, mettant en avant la "vaste" expérience de M. Lehmann, présenté comme le candidat idéal pour mener à bien "la transformation stratégique et culturelle de la banque".

Ancien cadre dirigeant de la banque concurrente UBS, ce banquier suisse, 62 ans, a également exercé près de vingt ans au sein de l'assureur suisse Zurich Insurance. Pour officialiser sa présidence, le conseil d'administration proposera sa candidature lors de la prochaine assemblée générale le 29 avril.

M. Lehmann renonce donc à sa candidature chez Helvetia, dont il devait reprendre la présidence en 2023, a annoncé cette compagnie d'assurance suisse.

- Quarantaines -

La démission de M. Horta-Osório intervient huit mois et demi seulement après son arrivée aux commandes.

Il avait été élu fin avril 2021 alors que la banque était en pleine tourmente après la faillite en mars de la société financière britannique Greensill, dans laquelle quelque 10 milliards de dollars avaient été engagés par le biais de quatre fonds, puis par l'implosion du fonds américain Archegos, qui avait coûté plus de 5 milliards de dollars à la banque.

Auréolé d'une solide réputation pour avoir redressé avec succès la banque britannique Lloyds, il avait d'emblée promis de remettre la gestion des risques au coeur de la culture de la banque.

Mais en décembre, son image a été ternie par des révélations dans la presse autour des règles de quarantaine. Le tabloïd suisse Blick avait dévoilé qu'il était revenu de Grande-Bretagne à bord d'un jet privé et n'avait pas respecté les règles imposées par la Suisse aux voyageurs en provenance de certains pays après l'apparition du variant Omicron.

Selon le tabloïd, il aurait cherché à savoir s'il pouvait "être libéré de la quarantaine" ou si elle "pouvait au moins être raccourcie". Malgré une fin de non-recevoir de la part des autorités suisses, il avait repris l'avion pour se rendre dans la Péninsule ibérique, avait affirmé le tabloïd.

M. Horta-Osório avait présenté ses excuses mais d'autres révélations sur les quarantaines avaient suivi. Le conseil d'administration avait lancé une enquête.

"Je regrette qu'un certain nombre de mes actions personnelles ait conduit à des difficultés pour la banque et compromis ma capacité à représenter la banque", a-t-il déclaré dans le communiqué, estimant que sa démission était "par conséquent" dans "l'intérêt" de Credit Suisse.

- Culture de la "responsabilité personnelle" -

A 12H05 GMT, l'action chutait de 1,80% à 9,37 francs suisses, à contre-tendance du SMI, l'indice de référence de la Bourse suisse, en hausse de 0,69%.

M. António Horta-Osório a perdu ses soutiens au bout de "juste huit mois", a réagi Michael Foeth, analyste chez Vontobel, dans un commentaire boursier, soulignant que ces révélations autour des règles de quarantaine avaient créées un "problème de crédibilité" pour quelqu'un qui avait mis l'accent sur la "responsabilité personnelle".

Contactée par l'AFP, la fondation suisse Ethos dit prendre note de cette démission, estimant qu'un président de conseil d'administration se doit d'avoir une "une attitude irréprochable", ce qui "n'a manifestement pas été le cas de M. Horta-Osorio", a-t-elle fustigé.

Cette fondation qui représente des fonds de pension a dit espérer que son successeur s'emploie à "renforcer le contrôle des risques" pour éviter tout scandale, "financier ou autre" susceptible de ternir à nouveau l'image de la banque", ce "qui malheureusement s'est produit à de trop nombreuses reprises ces dernières années".

La banque avait aussi été secouée par un scandale autour de filatures d'anciens employés qui avaient poussé son ancien patron, le Franco-Ivoirien Tijane Thiam, à démissionner en février 2020.

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