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Occuper une mine, exemple de "désobéissance civile climatique"

Des milliers de manifestants européens doivent bloquer à partir de vendredi une vaste mine de charbon brun en Allemagne, point d'orgue du mouvement de désobéissance civile climatique qui progresse depuis des mois en Europe.

En quoi consiste cette forme de militantisme ?

- Illégaux mais non-violents

Depuis octobre, les mouvements citoyens pour le climat et la défense de l'environnement se multiplient, principalement en Occident, où des dizaines de milliers de lycéens et d'étudiants manifestent chaque vendredi à l'appel de la Suédoise Greta Thunberg.

En parallèle, des mouvements défiant les limites légales, comme le réseau européen Extinction Rebellion ou Ende Gelände, se répandent comme une traînée de poudre de Londres à Paris, en passant par Berlin. Il s'agit la plupart du temps de bloquer temporairement un lieu, à la différence d'une occupation à long terme comme celle du chantier français de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes.

"On sent un engouement pour les actions de désobéissance civile en particulier chez les jeunes, ça se voit dans la demande pour des stages de préparation un peu partout et sur la montée en compétence très rapide de nouveaux militants", note auprès de l'AFP Azna Lecuyer, de la délégation française d'Ende Gelände.

Pour Tadzio Müller, figure allemande du mouvement, "enfreindre massivement les règles" est "la seule chose qui marche pour empêcher le statu quo face au chaos climatique".

"La non-violence fait partie de notre consensus d'action: il est interdit de porter atteinte aux forces de l'ordre, aux employés du site ou de dégrader le matériel", assure Azna Lecuyer.

D'autres actions de blocages dans la région, comme dans la forêt de Hambach ont pourtant récemment dégénéré à l'affrontement violent avec les forces de l'ordre, même si Ende Gelände affirme s'en distancier.

- Comment se passe un blocage ?

Installés en campement, à une dizaine de kilomètres de la mine de Garzweiler, les militants de Ende Gelände vont marcher vendredi par milliers en direction du site.

Dans leur progression, ces groupes comptent franchir des barrages de police, jusqu'au déclenchement de "la première vague", soit le moment où ils déferlent de manière coordonnée dans les travées minières ou prennent possession des voies ferrées qui ravitaillent la centrale voisine en charbon.

Les militants s'organisent en amont, par "groupes affinitaires" d'une dizaine de personnes qui partagent la même endurance physique et les mêmes limites: accepter ou non le contact avec la police et le risque d'être arrêté.

Une fois dans la mine, les militants mobilisent les techniques de résistance à l'évacuation policière apprises lors des stages: le "petit train", qui consiste à s'asseoir à plusieurs en s'emmêlant bras et jambes, ou la "tortue", la version en boule de cette chaîne humaine, difficile à déplacer.

- Que risquent-ils ?

Selon la loi allemande, l'occupation d'un site industriel est un délit. Les militants, qui refusent souvent de donner leur identité, sont donc épaulés par une équipe juridique qui les conseille avant et après les interpellations.

D'un point de vue sécuritaire, le site de Garzweiler est compliqué: les fosses de lignite, un paysage minéral à perte de vue, sont très friables après la pluie et inflammables en cas de sécheresse. Des kilomètres de câbles et des excavatrices hautes comme des immeubles parsèment aussi le gisement.

"Il y a aussi pour certains militants une forme de traumatisme moral après l'action. Ça s'explique par une montée d'émotions liées au stress et à l'excitation, combinée à l'effort physique car il faut marcher des kilomètres en groupe jusqu'à la cible, passer les barrages de polices parfois sous les canons à eaux ou le gaz au poivre et ensuite tenir le blocage", détaille Azna Lecuyer.

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