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OCDE: choc frontal entre les Etats-Unis et leurs partenaires

Les Etats-Unis sont restés sourds mercredi aux appels en défense du multilatéralisme lancés par la France et le reste des pays de l'OCDE, à deux jours de la possible entrée en vigueur de taxes américaines punitives sur l'acier et l'aluminium.

Preuve des tensions, l'administration américaine a bloqué le communiqué final de la réunion annuelle de l'Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), contre l'avis des 33 autres pays membres de cette institution.

Dans ce texte, l'OCDE, organisation rassemblant les pays riches et traditionnellement acquise à la cause du libre échange, devait condamner le protectionnisme mais aussi rappeler les enjeux du changement climatique.

L'année dernière déjà, les 34 pays membres de l'OCDE n'étaient pas parvenus à se mettre d'accord sur un communiqué commun et avaient diffusé deux textes différents, l'un signé par les Etats-Unis et l'autre par les 33 autres pays membres.

Face à l'attitude de Washington, qui pourrait imposer dès vendredi des taxes de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium importés, le président français, Emmanuel Macron, a lancé un vibrant appel à la refondation du multilatéralisme.

Il a en particulier appelé à réformer l'OMC, organisation censée réguler le commerce mondial et cible des critiques de l'administration Trump.

"Les menaces de guerre commerciale ne règleront rien", a dénoncé M. Macron.

"Une guerre commerciale est toujours une guerre perdue par tous. Par nos industries, nos agriculteurs, nos consommateurs...", a prévenu le président français, agitant le spectre de la guerre, rappelant notamment la crise des années 30. "Notre responsabilité a déjà commencé pour éviter le pire".

Pour réformer l'OMC, M. Macron a proposé d'ouvrir une négociation intégrant au départ les Etats-Unis, l'Union européenne, la Chine et le Japon, qui serait rapidement étendue aux pays du G20 et de l'OCDE, avec une présentation d'une première "feuille de route" lors du prochain sommet du G20 en novembre en Argentine.

- "Palabres infinies" -

Le secrétaire américain au Commerce, Wilbur Ross, avait auparavant opposé une fin de non recevoir lors d'une table ronde, lançant de virulentes critiques contre la lenteur des institutions multilatérales.

"Nous n'aimons pas les palabres infinies, nous préférons les actions bilatérales pour négocier. Les réunions multilatérales prennent beaucoup de temps et nous sommes animés d'un sentiment d'urgence", a-t-il affirmé sans détour.

"Nous avons participé à plusieurs réunions du forum sur l'acier (de l'OCDE) sans résultat productif", a souligné M. Ross, estimant que son pays avait été contraint de prendre des mesures unilatérales.

"Ce qui est bien, c'est que plusieurs pays ont adopté des mesures de sauvegarde qu'il n'auraient pas pris il y a un an" suite à cette offensive, s'est félicité le responsable américain.

L'OCDE avait été chargée il y a deux ans de réduire les surcapacités mondiales dans la production d'acier, principalement chinoises, sans résultat.

M. Ross a toutefois reconnu un point commun avec la France, en se réjouissant avec une certaine ironie que "tout le monde soit d'accord pour dire que l'OMC doit être réformée".

Face aux menaces américaines, le ministre français des Finances, Bruno Le Maire, et son collègue allemand de l'Economie, Peter Altmaier, ont tenu à adresser un message d'unité lors d'un point presse. "La réponse européenne sera unie et sera ferme", a affirmé M Le Maire, qui doit se rendre jeudi au G7 Finances au Canada, qui se tient jusqu'à samedi.

Pour sa part, le secrétaire général de l'OCDE, Angel Gurria, a appelé à éviter une escalade dans la guerre commerciale.

"La hausse des tensions commerciales a déjà écorné la confiance des entreprises à certains endroits et les conséquences seraient plus sévères si des contre-mesures étaient prises", a-t-il estimé.

L'OCDE a compté plus de 1.200 mesures dites "restrictives au commerce" appliquées uniquement par les pays du G20 depuis 2007.

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