Accueil Actu

Oubliez le "passé sulfureux" de celui qui revendiquait le casse du siècle, plaident ses avocats

Il avait bien imprudemment revendiqué le "casse du siècle": les avocats de Jacques Cassandri ont demandé vendredi aux juges d'oublier son "passé sulfureux" et de ne pas suivre les réquisitions du parquet, qui a demandé cinq ans de prison.

L'affaire a été mise en délibéré. M. Cassandri, figure du milieu marseillais jugé pour une kyrielle d'infractions dont le blanchiment du butin du casse de la société générale de Nice en 1976, sera fixé sur son sort le 4 avril.

Jeudi, le parquet avait requis une peine de cinq ans de prison assortie d'un mandat de dépôt et une amende de 300.000 euros. Mais le procureur avait réclamé sa relaxe pour le blanchiment du butin du vol de Nice, ne pouvant apporter la preuve d'un lien de l'argent dérobé avec les investissements de M. Cassandri à la fin des années 2000.

Des réquisitions d'une extrême sévérité, pour un vétéran du "milieu" marseillais, aux 74 ans, selon la défense qui a demandé à "ramener sa condamnation à de justes proportions".

Les charges pesant contre M. Cassandri sont pourtant lourdes, dont une escroquerie en bande organisée dans le cadre d'une opération de promotion immobilière en Corse, et diverses infractions financières dans la gestion de sa "nébuleuse" de boîtes de nuit et restaurants.

Des délits que celui qui avait créé la société "Campemu a l'Usu Corsu" ("on vit à la corse", dans la langue de l'île) a reconnu à demi-mot. Dans la bouche de cet homme déjà condamné pour trafic de drogue après le démantèlement de la French Connection, ou pour proxénétisme, il ne s'agissait que de simples "irrégularités".

"Quel que soit son passé sulfureux, il a toujours été motivé par le seul intérêt de sa famille", a plaidé l'un de ses avocats, Me Frédéric Monneret. Avec son épouse et ses deux enfants --également jugés--, "ils ont ces établissements non pas pour blanchir des fonds mais pour travailler", a-t-il précisé.

- Un coup de fil à la voyante -

Marianne Cassandri, 74 ans, travaille toujours jusqu'au petit matin au "Son des guitares", le bar musical marseillais figure de proue de l'empire économique familial, a-t-il rappelé. Le procureur a réclamé la fermeture judiciaire pendant trois ans de cet établissement du centre-ville de Marseille, devant lequel un policier hors service a abattu fin janvier un jeune homme après des échanges de coups de feu.

A l'audience, M. Cassandri avait fait volte-face sur le casse de Nice, pourtant revendiqué dans un livre puis devant la police. Il a affirmé n'avoir écrit qu'un "roman" et n'avoir pu pouvoir faire machine arrière en pleine promotion de l'ouvrage, où il se désignait comme le "cerveau" de ce vol légendaire.

Pour polir encore le portrait du septuagénaire, dépeint dans un procès-verbal comme "un survivant" du milieu marseillais, Me Monneret est revenu vendredi sur les conditions de son interpellation en 2011, qui lui valent de répondre également de détention illégale d'arme.

Lorsque les policiers frappent à la porte de son appartement, son épouse, réfugiée dans la salle de bains, appelle son mari, absent, à la rescousse. Aussitôt ce dernier téléphone... à sa voyante et lui demande: "Police ou ennemis?". La voyante répond "ennemis", et Jacques Cassandri débarque avec deux gardes du corps et un calibre sur lui.

"Ce n'est quand même pas l'habitude d'un voyou de grand chemin d'appeler sa voyante qui, ce jour-là, n'a d'ailleurs pas été très avisée", a fait observer Me Monneret.

Les avocats des 12 prévenus de ce procès ont tous souligné les lacunes du dossier, à l'instar de Me Laurent Michel, défenseur de la bru de Jacques Cassandri : "Au départ, il y a un très joli scénario. On part du recel du casse de Nice, c'est très attrayant, pour finir avec quelques infractions financières".

À lire aussi

Sélectionné pour vous