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Pandémie et réservations tardives: des vacances de la Toussaint moroses pour le tourisme

Avec des contraintes sanitaires renforcées, des couvre-feux et des touristes qui se décident au dernier moment, les perspectives pour les vacances de la Toussaint sont moroses pour le secteur du tourisme malgré les encouragements du gouvernement à partir.

"J'incite les Français à réserver" pour les vacances de la Toussaint, avait déclaré en début de semaine le secrétaire d'Etat chargé du Tourisme Jean-Baptiste Lemoyne, promettant que le gouvernement allait "tout faire" pour que la saison touristique "jusqu'à Noël puisse se dérouler".

"Les professionnels ont réitéré leurs engagements (...) que les réservations annulées ne coûtent rien aux Français", avait-il ajouté.

Mais la remontée en puissance du Covid-19 qui a conduit à l'instauration d'un couvre-feu depuis cette nuit dans nombre de grandes métropoles de l'Hexagone, attise l'incertitude et bouscule malgré tout les plans de nombreux Français.

Et cela se traduit en premier lieu par des réservations de dernière minute qui privent les professionnels de visibilité.

"Vendredi soir, nous avions six chambres réservées et nous en avons eu huit de plus dans la journée samedi" pour ces vacances, témoigne auprès de l'AFP Serge Vervoitte, propriétaire depuis 16 ans de l'hôtel-restaurant quatre étoiles Le Goyen, à Audierne dans le Finistère.

"Nous n'avons que de la réservation de dernière minute. Parfois c'est même le soir pour le soir-même", assure aussi Myriam Guede, responsable de réception du Château de Nieuil, un hôtel quatre étoiles installé en pleine campagne en Charente.

Au-delà du fait que les gens se décident à la dernière minute, la fréquentation est aussi moindre.

Lundi dernier, jour où se tenait le Comité interministériel consacré au secteur du tourisme (CIT), soit cinq jours avant les vacances, le taux de réservation n'était que légèrement supérieur à 13% (13,3% en régions, 13,9% en Ile-de-France), contre environ 47% un an plus tôt (37,9% en régions, 55,9% en Ile-de-France), selon le cabinet spécialisé MKG Consulting.

"La tendance est assez catastrophique pour le tourisme urbain, et le fait d'avoir un couvre-feu n'arrange pas les choses", confirme auprès de l'AFP Didier Arino, directeur du cabinet spécialisé Protourisme.

Au-delà de Paris et sa région, "il y a aussi un impact pour des métropoles qui avaient eu tendance à ne pas trop mal s'en sortir cette année, comme celles d'Aix-Marseille ou de Montpellier", observe Didier Arino.

- Bretagne et Normandie dynamiques -

Le tourisme rural peut-il bénéficier de la situation? Dynamique durant l'été, il "ne représente pas des volumes considérables à cette période de l'année", rappelle Didier Arino. Mais les zones littorales devraient être plébiscitées par les citadins désireux d'échapper au couvre-feu, comme la Normandie ou la Bretagne par exemple.

Sur le terrain, les professionnels témoignent d'un petit "frémissement" pour la Toussaint, sans pour autant que le compte y soit, à l'instar de M. Vervoitte, qui estime que le taux d'occupation de son établissement à quelques encablures de la Pointe du Raz, atteindra 35 ou 40% pour ces quinze jours, contre 80 à 85% d'ordinaire.

Le propriétaire de l'hôtel deux étoiles Le Chantilly à Deauville, Rachid Oumakhlouf, évalue pour sa part le recul à 10 à 15%, la proximité de la capitale aidant. Mais "avant les vacances, le mois d'octobre a été très difficile", explique-t-il.

Ce reflux est d'autant plus dommageable que les vacances de la Toussaint étaient de plus en plus prisées ces dernières années, avec environ 8 millions de départs l'an passé.

Les départs à l'étranger restent par ailleurs faibles entre destinations fermées et mesures de quatorzaine.

Concernant les protocoles sanitaires, les professionnels affirment en revanche "être bien rodés" et que tout se passe bien avec les clients.

Car si le gouvernement n'a pas interdit les déplacements, certains territoires ont voulu anticiper un afflux de touristes, comme la station balnéaire huppée du Touquet-Paris-Plage, qui va instaurer un couvre-feu. En Loire-Atlantique et Vendée, les préfectures ont élargi l'obligation de porter le masque.

Face à cette situation compliquée, fin septembre, parmi les mesures d'urgence prises par le gouvernement, 758,3 millions d'euros ont été accordés via le Fonds de solidarité à 527.834 entreprises.

Quant au Prêt garanti par l'Etat (PGE) "tourisme", il a été attribué ou pré-attribué à 187.767 entreprises pour un montant global de 18,4 milliards d'euros.

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