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Pharmacie: Takeda prêt à doubler sa taille en absorbant l'irlandais Shire

Le laboratoire pharmaceutique japonais Takeda s'apprête à doubler sa taille par l'absorption de son homologue irlandais Shire sur lequel il a formulé mardi, d'un commun accord, une offre ferme d'acquisition de 46 milliards de livres (52 milliards d'euros).

Un tel montant est inédit pour une société japonaise, tous secteurs confondus.

"Sur le plan macroéconomique, rien qu'avec cette transaction, les investissements directs japonais à l'étranger vont dépasser le rythme annuel habituel", a commenté Daisuke Karakama, un économiste du groupe financier Mizuho sur la plateforme d'informations Newspicks.

L'offre annoncée mardi confirme une proposition déposée en avril auprès de Shire qui s'y était montré favorable.

Si cette opération aboutit, le nouvel ensemble se hissera au neuvième rang mondial du secteur en termes de chiffre d'affaires annuel, avec un cumul de l'ordre de 28 milliards de dollars, contre 13 milliards de dollars environ pour Takeda seul.

- Stratégie audacieuse -

Takeda, firme bicentenaire dirigée depuis 2015 par le Français Christophe Weber, prévoit de financer une grande partie de cette acquisition massive via l'endettement.

Est décidée la souscription d'un prêt pour un montant de près de 31 milliards de dollars, une charge qui devrait valoir à Takeda une dégradation de sa note auprès des agences de notation.

Le numéro un nippon dans son domaine poursuit ainsi une stratégie de concentration de ses activités dans des divisions clefs qu'il veut renforcer par des acquisitions.

Lorsque M. Weber a pris les commandes de Takeda, il savait qu'il aurait à affronter ce que redoutent tous les laboratoires: la chute dans le domaine public des principaux brevets. Takeda avait déjà en partie anticipé ce défi avant l'arrivée du transfuge de GlaxoSmithKline (GSK), via la prise de contrôle en 2011 du suisse Nycomed pour 9,6 milliards d'euros.

Cette opération était déjà jugée audacieuse à l'époque, mais elle représentait moins du quart de celle aujourd'hui osée par M. Weber qu'on a déjà présenté comme un homme hardi quand il avait décidé de céder Wako, une filiale historique de Takeda.

- Ajout du pilier maladies rares -

"Dans le cadre de son parcours de transformation mis en oeuvre depuis ces quatre dernières années, Takeda s'est concentré sur le développement et la commercialisation de thérapies innovantes répondant à des besoins cliniques non satisfaits en gastroentérologie, en oncologie et en neurosciences et vaccins", rappelle le groupe.

Puis il ajoute que "les traitements des maladies rares, spécialité de Shire, est un axe d'évolution de la stratégie de développement".

Ces piliers concentreront 75% des recettes de ventes du groupe qui, grâce à Shire, élargira aussi son empreinte géographique, en particulier aux Etats-Unis.

Face aux craintes d'un mariage de la carpe et du lapin, compte tenu des cultures différentes des deux groupes, Takeda insiste par avance sur le fait qu'il a "de solides antécédents de fusions transfrontalières réussies et d'intégration post-acquisition", citant le rachat de l'américain Ariad Pharmaceuticals en 2017, Nycomed en 2011 et Millennium Pharmaceuticals en 2008.

Plus tôt cette année, Takeda a fait part de son projet de prise de contrôle du belge TiGenix, transaction qui devrait être bouclée mi-2018.

- 'Incertitudes' -

L'offre ferme sur Shire, qui doit encore être validée des deux côtés par les actionnaires réunis en assemblée générale, est censée clore une saga de plusieurs semaines qui a vu Shire refuser publiquement plusieurs propositions, les jugeant insuffisantes au regard de ses perspectives de croissance et de son portefeuille de médicaments en développement.

L'annonce officielle ce mardi après la clôture de la Bourse de Tokyo a été précédée de fuites dans la presse qui ont donné un coup de fouet à l'action Takeda (+3,99% à 4.638 yens), titre qui avait dévissé après l'officialisation de l'intérêt du groupe pour Shire fin mars.

Le titre Shire grimpait quant à lui mardi de 4,77% à 40,40 livres dans les premières transactions à la Bourse de Londres, encore loin des 49 livres par action proposées par Takeda. L'écart peut s'expliquer par "les incertitudes" liées au feu vert des actionnaires et des autorités de régulation, selon Mike van Dulken, analyste chez Accendo Markets, interrogé par l'AFP.

Ce prix équivaut à une prime de plus de 64% par rapport au cours de Bourse du titre Shire le 23 mars, avant que ne circulent dans la presse les premières informations sur l'intérêt potentiel de Takeda envers Shire.

burs-kap/anb/esp

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