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Plusieurs milliers de manifestants à Lannion contre les suppressions d'emplois chez Nokia

Entre 3.500, selon la police, et 5.000 personnes, selon la CFDT, ont manifesté samedi en fin de matinée samedi à Lannion (Côtes-d'Armor) pour protester contre la suppression de 402 emplois sur le site de Nokia, qui prévoit au total de supprimer plus d'un millier d'emplois en France.

"Le Tregor debout contre les suppressions d'emploi", "En dix ans, c'est le 13e plan", "Jeunes embauchés, déjà virés" ou "keep Nokia jobs in Lannion", pouvait-on lire sur les banderoles ou pancartes brandies par les manifestants.

Il s'agit du quatrième plan social depuis le rachat en 2016 d'Alcatel-Lucent par Nokia. Les trois précédents plans avaient touché les fonctions support alors que, dans ce 4e plan, c'est la recherche et le développement (R&D) qui sont concernés "à 95%", ont rappelé les syndicalistes.

Richard Alexandre, 39 ans, est ingénieur à Nokia, où travaille également son épouse. "Avec ce plan, on est touchés tous les deux", constate-t-il. "On essaye de se battre pour rester dans le coin, puisque c’est quand même un endroit où il fait bon vivre: on est à cinq minutes du travail, cinq minutes de la plage. Pour les enfants, c'est calme, c'est parfait..."

Pour les syndicats, le plan actuel mènera inéluctablement à terme à la disparition du site de Lannion, qui emploiera moins de 400 salariés s'il est mis en application, mais aussi à la disparition de Nokia du paysage industriel français.

"C'est une trahison, envers les salariés, envers le territoire, envers les pouvoirs publics (...) le pouvoir politique doit agir contre ces trahisons", a déclaré Bernard Trémulot, délégué central CFDT. Avec le départ de Nokia, "Lannion, bastion historique des télécommunications, perdrait une partie de son identité", a-t il affirmé lors d'une prise de parole avant le début de la manifestation.

Pauline, 24 ans, venue de Marseille il y a deux ans s'installer à Lannion pour travailler à Nokia, a exprimé sa déception. Comme elle, plus de 200 jeunes ingénieurs ont été recrutés sur ce site depuis son rachat par Nokia en 2016. Avec le crédit impôts recherche (CIR), auquel Nokia a eu recours pour recruter ces jeunes, "un ingénieur français ne coûte pas plus cher qu'un ingénieur chinois" à l'entreprise, a affirmé à l'AFP M. Trémulot, s'interrogeant sur les motivations d'un tel plan social.

"C’est presque une ville qu’on assassine quelque part, parce que c’est le troisième employeur de la ville qui est presque en passe de liquider son site", a déclaré à l'AFP le maire de Lannion, Paul Le Bihan (PS). "C’est intolérable. Une ville de 20.000 habitants ne peut pas encaisser ce genre de plan", a-t-il commenté.

Ces 402 suppressions d'emploi sont "injustifiés, incompréhensibles, intolérables et insupportables", a résumé un syndicaliste.

Dans la manifestation, qui s'est terminée vers 13H00, plusieurs élus arborant leurs écharpes tricolores étaient présents. Mais aussi des représentants du site de maintenance Hop! de Morlaix (Finistère), à quelques dizaines de kilomètres, menacé de fermeture avec 276 suppressions d'emplois à la clé.

"C'est 47 ans d'histoire qui sont balayés d'un revers de la main", a rappelé Sébastien, en référence à Brit Air, la compagnie fondée à Morlaix en 1973, rachetée par Air France il y a une quinzaine d'années et dont Hop! est une filiale. "Tous les efforts sont demandés aux salariés et rien à la finance", a-t-il regretté.

Le 22 juin, Nokia a annoncé son projet de restructuration en France avec 1.233 suppressions de postes, dont 402 dans cette ville bretonne de 20.000 habitants.

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