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Polynésie française: grève générale contre l'obligation vaccinale

Une intersyndicale largement majoritaire a débuté mercredi en Polynésie française une grève générale contre l'obligation vaccinale et pour l'instauration de mesures sociales anti-Covid, un mouvement davantage suivi dans le secteur privé que dans la fonction publique.

Le mouvement mobilise peu dans la fonction publique: moins de 1% des salariés de l'éducation et de l'administration polynésiennes se sont mis en grève.

Il est davantage suivi dans les entreprises qui présentent des revendications internes. L'opérateur téléphonique Vini comptait par exemple 38% de gréviste mercredi.

Le trafic aérien intérieur est perturbé par la grève des pompiers des aéroports: aucun avion, par exemple, n'a pu atterrir ou décoller de l'île de Raiatea.

Quatre syndicats locaux - sur les cinq que compte la Polynésie française - contestent la loi sur l'obligation vaccinale, votée en août par l'assemblée de la Polynésie française. Tous les Polynésiens qui exercent un métier au contact du public devront être vaccinés le 23 décembre.

Moins de 58% des Polynésiens sont vaccinés, en dépit d'une forte vague de variant Delta en août et septembre, qui a tué plus de 500 personnes sur 280.000 habitants.

Le président polynésien, Edouard Fritch, est disposé à diminuer l'amende encourue par les non-vaccinés, mais pas à revenir sur cette loi: "Mon devoir, c'est de protéger la population et donc de maintenir l'obligation vaccinale", a-t-il déclaré lors d'un point de presse mercredi.

Les syndicats souhaitent aussi une augmentation de 4% du salaire minimum. Le gouvernement s'est dit prêt à l'augmenter de 2% et d'un point de plus dans quelques mois. Le salaire minimum brut s'établit à 1.281 euros en Polynésie, où le coût de la vie est plus élevé qu'en métropole.

L'intersyndicale réclame aussi la création d'un fonds d'aide aux salariés ayant perdu leur emploi, car il n'existe pas de caisse de chômage dans cette collectivité d'outre-mer autonome.

Les syndicats grévistes rejettent également la réforme de la gouvernance de la CPS, la Sécurité sociale locale, en déficit chronique. Le gouvernement souhaite y être mieux représenté, au détriment des employeurs et des syndicats. Les difficultés de la CPS, aggravées par la crise sanitaire du Covid-19, menacent l’ensemble du système de santé, mais aussi les retraites des Polynésiens.

M. Fritch a regretté la rupture des négociations par les syndicats après cinq jours de négociations. "Ils ne nous ont même pas dit bonsoir, ils se sont levés, ils se sont cassés", a-t-il dit.

Mais les syndicalistes ont, au contraire, estimé que le président n'avait satisfait aucun de leurs points de revendications: "Il a longuement expliqué qu'il souhaitait maintenir l'obligation de vaccination et ne pas payer excessivement les smicards", a regretté Patrick Galenon, secrétaire général de la CSTP-FO, le premier syndicat local.

Frédéric Dock, le président de la première organisation patronale polynésienne, a estimé que ce mouvement de grève était "irresponsable" et tombait "au pire moment" pour l'économie polynésienne.

Les négociations n'avaient pas repris mercredi soir (jeudi matin) en Polynésie.

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