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Polynésie: les pompiers mis à contribution pour vacciner

Il faut un geste "sûr, rapide et continu", explique le sergent Julien Cudejko, un pompier de Paris, aux douze soldats du feu polynésiens venus se former aux injections en vue de participer à l'effort de rattrapage de la vaccination contre le Covid.

Infirmier des sapeurs-pompiers de la capitale, il fait partie des 20 pompiers arrivés dimanche 5 septembre de métropole en renfort en Polynésie, qui ont été répartis pour participer aux interventions aux côtés des sapeurs pompiers locaux, mais également pour apporter un renfort sur la vaccination.

"Avant d'être autorisés à vacciner les personnes, il y a une formation, et aujourd'hui on a une formation qui s'adresse aux pompiers de Teva I Uta et Puna'auia", indique le commandant Olivier Omont du SDIS du Nord, qui est également le chef du détachement des 20 sapeurs pompiers venus en renfort.

En Polynésie, 249 personnes sont toujours hospitalisées, dont 43 en réanimation, et 575 personnes ont succombé au Covid. Près de 150.000 personnes ont reçu au moins une dose de vaccin, sur une population de 280.000 habitants.

Face à la vague épidémique qui a frappé le territoire en août, la Polynésie s'est lancée dans un marathon pour relever à 70% le niveau de vaccination d'une population parfois réticente, après les débuts poussifs de sa campagne d'injections.

"Notre objectif", explique le commandant Omont, "est d'anticiper une éventuelle relance du Covid et donc de préparer à la vaccination un maximum de sapeurs-pompiers, afin qu'ils soient autonomes quand notre mission à nous s’achèvera dans une dizaine de jours".

Après une demi-heure de cours théorique, les sapeurs pompiers passent à la pratique: ils doivent répéter les gestes qu'ils viennent d'apprendre sur un mannequin d'entraînement, dont la texture rappelle la peau humaine.

"La formation que nous avons acquise aujourd'hui permettra non seulement de vacciner les pompiers qui ne sont pas encore vaccinés", mais surtout d'avoir "de la main d'oeuvre supplémentaire pour vacciner" dans les communes qui le demandent, toujours en présence des médecins, indique pour sa part Gaston Tuno, le chef de centre de la commune de Teva I Uta et président de la fédération polynésienne des sapeurs pompiers.

"En tant que sapeurs pompier on connaît bien la géographie de nos communes, l'objectif c'est pour les personnes qui ne peuvent pas se déplacer, qu'on se déplace vers elles, si elles le demandent", explique-t-il.

- marathon de vaccination -

Selon le commandant Omont, "un partage d'expériences se fait au jour le jour" entre les soldats du feu métropolitains et polynésiens: "On vit en totale inclusion dans les centres de secours, ce qui nous permet de partager nos expériences professionnelles ou de formation".

Les pompiers de Teva I Uta ont en effet été confrontés à une augmentation brusque de leur activité avec le déferlement du variant Delta sur la Polynésie.

"On faisait, en moyenne, à peu près 3 à 4 interventions la journée, là on est monté jusqu'à 32 interventions en 24H", témoigne Gaston Tuno.

"On a pu gérer, pas facilement mais intelligemment", assure-t-il. "J'ai demandé des pompiers volontaires qui souhaiteraient être mis dans un groupe de renforts pour intervenir uniquement pour le Covid". Ceux-ci étaient "confinés à la caserne", sans contact avec les autres pompiers, ni avec leur famille. Pour éviter toute contamination ils dormaient "sur des lits picots à l'extérieur".

Par ailleurs, grâce au maire de la commune, "nous avons anticipé pour pouvoir acquérir du matériel pour être prêts". Du coup "on a du matériel jusqu'à la fin de l'année, au cas où, s'il y a de nouveau un pic", explique Gaston Tuno.

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