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Pont effondré en Haute-Garonne: les habitants sonnés, "cela aurait pu être moi"

"Cela aurait pu être moi": à Mirepoix-sur-Tarn, les habitants étaient sous le choc après l'effondrement meurtrier lundi matin du pont routier quasi-centenaire que tous empruntaient régulièrement pour franchir le Tarn et où les bus scolaires venaient juste de passer.

Selon un bilan encore provisoire, une adolescente de 15 ans, habitante de la commune, a été tuée quand la voiture que conduisait sa mère est tombée à l'eau, avec un camion.

"On le prend tous les jours ce pont", datant de 1931. "On était loin de s'imaginer qu'il pouvait s'effondrer. Les bus scolaires venaient juste de passer", témoigne, des sanglots dans la voix, Audrey Laujac, une aide à domicile de 36 ans, qui habite à 100 mètres.

"J'ai dû mal à le croire, ça aurait pu être moi, ce pont, je le prends tous les jours", s'effraie étrospectivement, elle aussi les larmes aux yeux, Emilie Mulero, une infirmière de 37 ans.

Avec une amie et d'autres habitants, elle est venue au plus près du pont, sur les berges escarpées du Tarn.

Elle propose aux gendarmes d'apporter boissons chaudes et sandwichs à la centaine de sauveteurs, qui se relaient pour assurer les recherches.

- "Important axe de circulation" -

La priorité est de retrouver le chauffeur du camion également tombé à l'eau, dont la carcasse a, elle, été localisée. Il s'agit d'un "porte-char pour le transport de grue", soit un gros poids-lourd, selon le maire, Eric Oget.

Le tablier du pont, quasi entièrement effondré et dont la chaussée a été presque coupée en deux, plonge dans dans le fleuve, profond de plus de 20 m et large de 100 à cet endroit.

Pour la commune d'un millier d'habitants, située à une trentaine de km au nord de Toulouse, le pont était "un axe de circulation important", emprunté notamment par des nombreux piétons pour aller à la station de cars desservant Toulouse, explique le maire.

"Heureusement que le bus du collège est passé 5 mn avant", s'exclame lui aussi Thomas Ferrandis, un cuisinier de 19 ans qui prenait ce pont "tous les matins pour aller au travail".

"Ma sœur, qui a 15 ans, a peur que la victime soit une amie à elle", ajoute-t-il.

La jeune fille était scolarisée en première dans un lycée privé proche, à Montastruc-la-Conseillère. Une cellule psychologique a été ouverte dans l'établissement.

Sa mère a pu être secourue par des témoins, dont deux ont été blessés dans l'opération.

- La surcharge parmi les pistes -

"C'est l'angoisse ces ponts, il y en a partout dans les villages du coin", ajoute M. Ferrandis. Dans la région, ces ouvrages suspendus ont été installés sur le Tarn après des inondations en 1930, qui avaient endommagé les ouvrages anciens.

Mais si l’infrastructure était "vieillotte", selon lui, elle était inspectée régulièrement selon le Conseil départemental en charge de son entretien, avec une "inspection détaillée" en 2017 n'ayant trouvé "aucun problème de structure", et un dernier contrôle en décembre 2018.

Du coup, les hypothèses vont bon train sur l'origine de l'accident, tandis que des enquêtes judiciaire et administrative ont été ouvertes.

Le pont était interdit aux camions de plus de 19 tonnes, comme le rappelle un panneau à son entrée. Mais on voyait "de temps en temps des camions qui dépassaient probablement" cette limite autorisée, relève le maire, alors que l'hypothèse d'une surcharge figure parmi les pistes retenues par les experts.

Selon le président de la Communauté de communes, Jean-Marc Dumoulin, il est même "fréquent" que "des camions de plus gros tonnage empruntent", les ponts de la région, bravant l'interdit.

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