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Portugal: risque d'une pénurie de carburant à cause d'une grève illimitée des transporteurs

Sous la menace d'une grève illimitée, à prtir de lundi, des transporteurs de carburant, le gouvernement portugais et de nombreux automobilistes ont pris dès cette semaine leurs précautions pour affronter d'éventuelles pénuries en pleines vacances d'été.

Echaudé par une précédente grève à Pâques, l'exécutif socialiste a déclaré préventivement mercredi soir une "situation de crise énergétique" si la grève démarrait effectivement le 12 août faute d'accord entre employeurs et camionneurs.

Il a décrété que les transporteurs devraient assurer un service minimum d'au moins 50% des livraisons de carburant à l'ensemble des consommateurs. Les entreprises de transports en commun et les fournisseurs de biens alimentaires, d'eau, d'énergie ou les opérateurs de télécommunications devront être ravitaillés à hauteur de 75%.

Les services d'urgence, les aéroports et les forces de l'ordre devront l'être à 100%, de même qu'un réseau de 386 stations services défini par le gouvernement, dont une cinquantaine dédiées uniquement aux véhicules prioritaires.

Les autorités ont également décidé de former quelque 500 militaires et gendarmes qui pourront conduire des camions citernes si le service minimum n'était pas respecté.

De nombreux automobilistes se ruent aux pompes pour faire le plein avant leur départ ou au retour de vacances, en vue d'une semaine marquée par un jour férié, le jeudi 15 août.

"La vente de carburants au cours de la dernière semaine a augmenté de 30% et certaines stations service achètent quatre fois plus qu'habituellement", a précisé le ministre de l'Environnement et de la Transition énergétique, Joao Pedro Matos Fernandes.

Peu avant le week-end de Pâques au Portugal, le gouvernement et les automobilistes avaient été pris de court par une première grève des transporteurs de carburant, qui avait duré quatre jours et provoqué d'importantes pénuries.

- "Révolte et incompréhension" -

Les chauffeurs de poids-lourds, emmenés par un syndicat fondé en novembre 2018 et indépendant des grandes confédérations, avaient alors suspendu leur mouvement après avoir obtenu les hausses salariales qu'ils réclamaient.

Ayant obtenu un salaire d'au moins 1.400 euros, primes comprises, à partir de janvier 2020, ils exigent maintenant que leurs employeurs s'engagent à leur donner de nouvelles augmentations en 2021 et 2022.

A deux mois des prochaines élections législatives, le gouvernement socialiste a tenté, en vain, de régler le conflit social opposant les transporteurs et les deux syndicats concernés, sans toutefois cacher son mécontentement face à la menace de grève.

"Il y a un net sentiment de révolte nationale et d'incompréhension devant une grève prévue en plein mois d'août alors que de hausses salariales ont déjà été accordées pour 2020", déclarait dès la semaine dernière le Premier ministre Antonio Costa.

Les syndicats, y compris ceux qui ne participeront pas à la grève, ont tout de même dénoncé la forme du service minimum qu'ils jugent excessive.

"Le droit de grève n'existe que sur le papier", a protesté le porte-parole de ces chauffeurs, Pedro Pardal Henriques, costume sombre et lunettes rectangulaires sur le nez.

Vice-président du "Syndicat national des chauffeurs de matières dangereuses", cet avocat de 42 ans n'avait aucun lien connu avec le milieu du transport routier jusqu'à son apparition lors de la grève d'avril dernier.

Il avait surpris l'opinion publique en arrivant aux piquets de grève au volant d'une imposante Maserati. Depuis, il ne se sert plus de sa Maserati. "On m'a barré la route quand je voyageais avec mes enfants", a-t-il déclaré dans un entretien à l'hebdomadaire Expresso.

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