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Prix alimentaires: Bercy va lancer une enquête de l'Inspection générale des finances

Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé lundi qu'il allait lancer une mission de l'Inspection générale des finances (IGF) pour s'assurer du respect de la loi Egalim, obligeant les distributeurs à vendre les produits alimentaires avec une marge minimale de 10% censée bénéficier aux producteurs.

"Je lancerai une mission de l'Inspection générale des finances dans les tout prochains jours", a affirmé M. Le Maire.

"Je propose d'y associer des parlementaires et des représentants du monde agricole, pour nous assurer que ces 10% au-dessus du seuil de revente à perte vont bien aux producteurs et ne se perdent pas ailleurs", a-t-il indiqué.

La loi Alimentation ou "Egalim" votée en 2018, dans un contexte très peu inflationniste, avait notamment encadré les promotions et relevé le seuil de revente à perte (SRP), avec pour objectif d'enrayer la course aux prix bas et de soutenir les agriculteurs.

"On est en bout de chaîne, la variable d'ajustement sur laquelle on presse", déplore toutefois auprès de l'AFP Christiane Lambert, présidente du syndicat agricole majoritaire FNSEA, qui réclame aussi plus de transparence côté distributeurs et industriels.

"Les 10% de SRP sur la première année, ça a été chiffré à 600 millions d'euros: on veut savoir à quoi ça a servi, et qui en a bénéficié", plaide-t-elle.

S'il s'avère que les dispositifs de cette loi ne profitent pas aux producteurs, "il faudra réfléchir à la possibilité de les modifier", indique M. Le Maire, qui suggère par exemple des promotions à 50%, au lieu des 34% autorisés, avec des "prix cassés pour tous ceux qui en ont besoin".

"Pas la bonne réponse", estime Christiane Lambert, qui défend la création d'un chèque alimentaire donnant accès à un "panier de produits essentiels" pour les plus précaires - proposition maintes fois évoquée mais qui peine à se concrétiser.

Dans le cadre du projet de loi pouvoir d'achat, le gouvernement soumettra au vote la création d'une aide alimentaire d'urgence pour 9 millions de Français, qu'il veut compléter par la suite par un "chèque alimentaire plus qualitatif".

Dans le contexte actuel de hausse des prix, le président du comité stratégique des centres E. Leclerc, Michel-Edouard Leclerc, avait demandé début avril la suspension partielle de cette règle des 10% afin de réduire ses prix de vente.

La semaine dernière, il avait jugé "suspectes" certaines hausses de prix demandées par les industriels de l'agroalimentaire dans le cadre des renégociations annuelles sur les prix des produits alimentaires.

Il avait aussi appelé à la création d'une commission d'enquête parlementaire, une demande reprise vendredi par les députés de La France insoumise.

De son côté, le Sénat a promis de faire un "premier bilan" des causes de l'inflation le 20 juillet dans le cadre du groupe de suivi sur la loi Egalim.

A Bercy, on souligne que la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes a réalisé plus de 1.200 contrôles depuis le début de l'année sur le secteur alimentaire. Ils seront renforcés, via des enquêtes "par filière entière", a indiqué le ministre. "Nous ne laisserons pas passer les profiteurs de la crise", a-t-il insisté.

Un "guichet unique" sera opérationnel dès mardi pour que les entreprises signalent les "irrégularités" qu'elles constateraient dans la formation des prix.

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