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Procès de l'arbitrage Tapie: Stéphane Richard assure n'avoir eu "aucun pouvoir décisionnel" à Bercy

Le PDG d'Orange, Stéphane Richard, à Paris le 11 mars 2019Le patron d'Orange Stéphane Richard, jugé à Paris au côté de Bernard Tapie dans l'affaire de l'arbitrage controversé de 2008, a assuré mercredi n'avoir eu "aucun pouvoir décisionnel" lorsqu'il était directeur de cabinet de la ministre Christine Lagarde à Bercy.

"Le directeur de cabinet en tant que tel n'a aucun pouvoir décisionnel, d'aucune sorte", a déclaré à la barre du tribunal correctionnel M. Richard, 57 ans, costume sombre, lunettes rondes et cheveux rares.

"Il est la voix de la ministre. Mais son pouvoir propre, il est extraordinairement limité, voire inexistant", a-t-il ajouté.

Il est reproché à Stéphane Richard, qui comparaît pour "complicité d'escroquerie" et "complicité de détournement de fonds publics", d'avoir outrepassé son rôle et d'avoir caché à sa ministre des notes hostiles à un arbitrage censé solder un vieux litige entre Bernard Tapie et son ancienne banque, le Crédit Lyonnais.

"Je ne me suis pas réservé ce dossier", a affirmé le patron du groupe de téléphonie, convenant l'avoir suivi "personnellement" en raison de sa "sensibilité", liée à "la personnalité de M. Tapie" mais aussi "au désastre du Crédit Lyonnais", dont la faillite a "coûté près de 20 milliards d'euros au Trésor public", a-t-il appuyé.

Entre le directeur de cabinet et sa ministre, la relation était "fusionnelle" et le mode de communication "très oral", a décrit Stéphane Richard.

C'est d'ailleurs oralement qu'il évoquera à Mme Lagarde la présence de Bernard Tapie à une réunion à l'Élysée autour de Claude Guéant, alors secrétaire général de la présidence, le 30 juillet 2007, avant que l'arbitrage ne soit officiellement validé.

Mais "ce n'est pas l'État qui a décidé" l'entrée en arbitrage, sa seule décision étant de ne pas s'y opposer, a insisté le prévenu. Venant "du monde de l'entreprise", l'énarque n'a pas eu de "haut le cœur" quand Bercy donne son feu vert au règlement du conflit par un tribunal arbitral privé.

Celui-ci avait octroyé le 7 juillet 2008 à Bernard Tapie 403 millions d'euros, dont 45 au titre de son "préjudice moral", une sentence depuis annulée au civil pour "fraude".

Mme Lagarde, actuelle directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) a été condamnée fin 2016 pour "négligence" ayant permis à l'homme d'affaires de détourner des fonds publics, pour ne pas avoir exercé de recours contre cette sentence. Elle avait été cependant dispensée de peine. Stéphane Richard avait refusé de témoigner au procès devant la Cour de justice de la République.

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