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Procès Pastor: avec aplomb, Wojciech Janowski assure n'avoir "jamais commandité quoi que ce soit"

D'une voix ferme teintée d'un fort accent polonais, Wojciech Janowski a renouvelé jeudi avec aplomb ses dénégations devant les assises des Bouches-du-Rhône: non, il n'a "jamais commandité quoi que ce soit", et surtout pas l'assassinat de sa belle-mère, la milliardaire monégasque Hélène Pastor.

Invité à s'exprimer en début d'audience comme le veut la procédure, l'ex-consul honoraire de Pologne à Monaco élude les assassinats d'Hélène Pastor et de son chauffeur pour évoquer notamment son parcours professionnel. "Est-ce que je peux me permettre de suggérer que vous parliez de ce qu'on vous reproche? D'avoir commandité les meurtres ?", intervient alors son avocat Éric Dupond-Moretti alors que les avocats des parties civiles lui reprochent de ne pas avoir "un mot pour les victimes".

Évoquant les accusations qui le visent, droit comme un "i" dans le box, Wojciech Janowski, qui, après avoir avoué en garde à vue s'était rétracté, renouvelle alors ses dénégations.

Mercredi, son coach sportif Pascal Dauriac avait redit devant la cour ce qu'il avait déjà assuré aux enquêteurs: Wojciech Janowski l'a manipulé pour le pousser à l'aider à "liquider la vieille" - ce qu'il a fini par faire, en organisant avec son beau-frère l'assassinat de la richissime héritière.

"Je n'ai rien demandé à Dauriac", lui a répondu jeudi Wojciech Janowski. "Pourquoi alors avoir dit au juge d'instruction que vous aviez demandé à Dauriac de résoudre le problème?", l'interroge le président Pascal Guichard. Janowski assure qu'il évoquait simplement le fait qu'Hélène Pastor "parlait mal de nous, de notre mariage aux gens de Monaco": comme le coach comptait d'autres Monégasques parmi ses clients, "je lui ai demandé de leur parler".

- "Il n'y a aucune preuve" -

"Je n'ai jamais demandé à Dauriac de résoudre le problème de cette façon, il n'y a pas de preuve", déclare-t-il aussi, évoquant le guet-apens qui a coûté la vie à Hélène Pastor et son chauffeur, mortellement blessés par deux décharges d'un fusil à canon scié le 6 mai 2014 à Nice.

En costume gris foncé, chemise blanche et cravate noire, l'accusé - qui avait évoqué des problèmes de compréhension pour expliquer ses rétractations après ses aveux - s'exprime dans un très bon français et cherche rarement ses mots. La voix ferme, voire autoritaire, il n'hésite pas à interrompre des avocats ou le président, voire à les houspiller, quitte à donner l'impression de mener les débats. Les questions gênantes, il les élude parfois: "Je ne comprends pas la phraséologie judiciaire".

"Je n'ai jamais commandité quoi que ce soit", martèle-t-il, accusant Pascal Dauriac d'avoir "inventé des choses qui ne se sont jamais passées". Au contraire, même, Janowski accuse, comme il l'a déjà fait au cours de l'enquête après s'être rétracté, Dauriac d'avoir "menacé (sa) famille" et demandé de l'argent pour une protection. Plus encore, c'est même le coach, à ses yeux, qui est coupable d'avoir organisé l'assassinat: "Les preuves accusent Dauriac, il a commis un crime inimaginable".

Interrogé sur la raison pour laquelle il avait reconnu en garde à vue avoir commandité le double meurtre, l'accusé assure une nouvelle fois avoir voulu protéger sa compagne, placée en même temps que lui en garde à vue: "Je voulais me dire coupable jusqu'à ce qu'elle sorte de garde à vue".

À aucun moment, il ne se départit de son calme. Dominique Mattei, l'avocat de son ex-compagne Sylvia Ratkowski, partie civile dans l'affaire, s'en étonne. "Ce n'est pas parce que je suis calme que je suis coupable", lui répond Wojciech Janowski. Avant de répéter: "Il n'y a aucune preuve, il n'y a rien dans le dossier".

Dix personnes sont jugées jusqu'au 19 octobre pour leur participation, à des degrés divers, dans le guet-apens mortel du 6 mai 2014 à Nice. Selon l'accusation, ce double meurtre devait permettre à Wojciech Janowski de détourner à son profit la part d'héritage qu'aurait touchée Sylvia Ratkowski.

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