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Procès Tapie: ni "stratagème", ni "magouille", plaident ses avocats

Ni "stratagème", ni "magouille": les avocats de Bernard Tapie ont vivement contesté jeudi à Paris tout "trucage" dans l'arbitrage qui avait octroyé 403 millions d'euros en 2008 à l'homme d'affaires, au dernier jour de son procès à Paris pour "escroquerie".

"Bernard Tapie n'a commis aucune infraction quelconque. Bernard Tapie n'est pas un escroc", a tonné dès le début de sa plaidoirie devant le tribunal correctionnel Me Hervé Temime, l'un des défenseurs de l'homme d'affaires affaibli à 76 ans par un double cancer.

Le parquet a requis cinq ans de prison contre M. Tapie pour sanctionner la mise en place d'un arbitrage "truqué", qui lui avait notamment accordé 45 millions pour son préjudice moral, afin de solder son vieux litige avec le Crédit Lyonnais, lié à la revente d'Adidas dans les années 1990.

Des peines de prison ont également été demandées contre quatre de ses coprévenus. Trois ans d'emprisonnement dont 18 mois avec sursis ont notamment été requis à l'encontre du PDG d'Orange Stéphane Richard, directeur de cabinet de Christine Lagarde à Bercy lors de l'entrée en arbitrage.

Ces "peines extravagantes" viennent "compenser la faiblesse de l'accusation", "vide de preuves", a fustigé Me Temime. Près de lui, M. Tapie, costume bleu sombre et écharpe nouée autour du cou, acquiesce à chacun des propos, sourire en coin, le regard souvent tourné vers la partie adverse.

Si l'arbitrage controversé a été annulé définitivement au civil pour "fraude", et que M. Tapie a été condamné à rembourser les sommes perçues, le tribunal correctionnel n'est pas "une chambre d'enregistrement", a déclaré Hervé Temime. "Sur un plan pénal, il n'est pas possible de condamner M. Tapie", a ajouté le pénaliste.

Pour l'avocat, l'ancien ministre, fils d'ouvrier et petit-fils de cheminot, "fait l'objet et depuis longtemps d'un délit de sale gueule, d'un déni de classe". "Il a toujours subi un traitement ad hominem", a déploré Me Temime, qui poursuivait sa plaidoirie en milieu d'après-midi.

Avant lui, Me Julia Minkowski avait rappelé le contexte de l'arbitrage, après plus de dix ans de procédures judiciaires contre l'ex-banque publique et le Consortium de réalisation (CDR) chargé de gérer son passif.

"Evidemment, il part favori dans cet arbitrage. Pas parce qu'il a magouillé, mais parce que devant les autorités judiciaires, on lui a toujours donné raison". S'estimant floué lors de la cession d'Adidas, "il est certain de son bon droit", a lancé l'avocate.

Dans cette affaire, "on essaye de chercher dans le moindre petit détail pour dire tout est stratagème, tout est magouille", mais "ça ne tient pas", selon Me Minkowski.

Les prévenus auront une dernière fois la parole, avant que le tribunal ne mette son jugement en délibéré.

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