Accueil Actu

Réduction en vue d'une aide pour les personnes âgées non dépendantes, colère des oppositions

Le gouvernement va supprimer l'an prochain un avantage accordé spécifiquement aux personnes âgées de plus de 70 ans qui emploient une aide à domicile, en le réservant aux seuls seniors dépendants, a indiqué lundi la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye.

Cette mesure, prévue dans le prochain projet de loi de finances qui doit être présenté vendredi, a immédiatement suscité de vives critiques de la part des oppositions, à gauche comme à droite.

"Nous souhaitons au final recentrer les choses pour que les aides, quand elles existent, s'adressent aux personnes qui en ont le plus besoin", a déclaré Mme Ndiaye sur LCI, confirmant une information des Echos. Le dispositif ne doit en effet pas servir à aider les seniors bien portants, au-delà des abattements accordés à tous les Français, à se payer des "travaux de jardinerie", a fait valoir la porte-parole.

Concrètement, le gouvernement, qui cherche des pistes d'économies pour financer les baisses d'impôts promises par Emmanuel Macron, entend concentrer l'exonération totale de charges patronales, dont bénéficient automatiquement les personnes de plus de 70 ans qui emploient une aide à domicile, sur celles en situation de dépendance (bénéficiant de l'APA, l'allocation personnalisée d'autonomie), ou de handicap.

Cette mesure est motivée par le constat que "le critère de l'âge est non pertinent, car il y a des gens dépendants avant 70 ans et d'autres autonomes après cet âge", a précisé une source gouvernementale.

Décidée dans un souci "de justice sociale", la mesure n'a pas pour objectif premier de réaliser des économies, même si, en l'occurrence, elle pourrait permettre de dégager 310 millions d'euros "au maximum", selon la même source.

Un certain nombre de septuagénaires pourraient en effet continuer à bénéficier de la même exonération, non plus en raison de leur âge - puisque ce critère sera supprimé -, mais en faisant valoir leur dépendance - un critère qui existe déjà, et qui sera maintenu. Le nombre de personnes concernées n'est cependant pas précisément connu.

Au total, ce dispositif d'exonération créé en 1987, et accordé actuellement sur critère d'âge, de dépendance ou au titre de l'aide à domicile pour un enfant handicapé, coûte 1,8 milliard d'euros par an à l'Etat.

Cet épisode survient après la hausse de la CSG et la sous-indexation par rapport à l'inflation des pensions de retraites supérieures à 2.000 euros. Pour autant, Mme Ndiaye a réfuté toute "politique anti-vieux" de la part du gouvernement. D'autres avantages fiscaux restent applicables, a-t-elle rappelé, comme le crédit d'impôt ou l'exonération sociale de 2 euros par heure travaillée.

L'annonce de Mme Ndiaye a cependant été vivement critiquée sur Twitter par les oppositions.

"Indigne", ont fustigé les Républicains. "Honte à Emmanuel Macron qui abandonne nos retraités !", a commenté Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France). Pour le député et porte-parole du Rassemblement national Sébastien Chenu, les retraités sont "de nouveau victimes de la politique anti-sociale" d'Emmanuel Macron.

A gauche, le sénateur socialiste Rachid Temal s'est étonné "qu'un gouvernement qui parle de solidarité et de progressisme puisse prendre cette décision", tandis que le secrétaire national du PCF Fabien Roussel dénonçait "encore un mauvais coup pour le pouvoir d'achat des personnes âgées". Pour le leader communiste, "le gouvernement cherche à faire payer par tous les moyens nos aîné-es".

À lire aussi

Sélectionné pour vous