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Réouverture du Châtelet, le "caméléon" des théâtres parisiens

C'était un temple de la danse début XXe siècle avec les légendaires Ballets Russes et qui, juste avant sa fermeture il y a près de trois ans pour travaux, était un haut lieu parisien de la comédie musicale.

Une nouvelle page se tourne vendredi pour le théâtre du Châtelet qui rouvre ses portes après un chantier de rénovation qui lui a permis de retrouver ses couleurs d'origine du Second Empire et surtout l'a modernisé, avec une nouvelle cage de scène informatisée qui permettra entre autres des changements de décors plus rapides.

Avec derrière elle près de 160 ans d'histoire, la prestigieuse salle parisienne --certaines affiches datant de la saison des Ballets Russes et signés de Cocteau ou de Léon Bakst sont presque aussi célèbres que le théâtre lui-même--, promet pour sa première saison post-travaux une programmation eccléctique et peu conventionnelle.

Pour le jour d'ouverture, une parade de marionnettes géantes du Mozambique, menée par des percussionistes, est partie de l'Hôtel de Ville au Châtelet dans une ambiance bon enfant. Mais le nombre de participants et du public était moins que prévu, vraisemblablement en raison de la grève des transports.

Il s'agit d'un clin d'oeil à "Parade", un ballet créé au Châtelet en 1917 pour les Ballets Russes par le compositeur français Erik Satie sur un poème de Jean Cocteau, avec des décors et costumes de Picasso et la chorégraphie de Léonide Massine.

Par la suite, des animations gratuites autour du monde fantastique de Satie se sont tenues dans les foyers et les salons du théâtre, puis un spectacle musical payant en soirée.

- "Théâtre d'innovation" -

Il s'agit de la première saison du binôme Ruth Mackenzie --Britannique et première femme à la tête du théâtre-- et Thomas Lauriot-dit-Prévost, tous deux nommés en 2017, peu avant le début des travaux qui ont coûté 31,5 M d'euros, financés essentiellement par la Ville de Paris.

"Historiquement, c'est un théâtre d'innovation qui se réinvente sans cesse", affirme à l'AFP Ruth Mackenzie.

La programmation proprement dite, qui commencera début octobre, se veut audacieuse: ainsi Abdel Malik transforme le texte de Camus "Les Justes" en un spectacle de rap musical, avec la participation de jeunes d'Aulnay-sous-Bois en Seine-Saint-Denis.

"Nous voulons réinventer la notion des +musicals+", précise Mme Mackenzie. Son co-directeur avait qualifié le spectacle de "tragédie musicale, un +Hamilton+ à la française".

Le théâtre reprend toutefois un gros succès du 28 novembre au 1er janvier 2020: "An American in Paris", que l'ex-directeur Jean-Luc Choplin a coproduit avec Broadway en 2014. La chorégraphie est signée Christopher Wheeldon, populaire chorégraphe britannique dont le "Cendrillon" sera également à l'affiche (2-8 juillet 2020) avec le Dutch National Ballet

Outre Abdel Malik, un autre artiste de musique contemporaine, Erwan Castex, dit Rone, figure française de la scène électro, aura carte blanche.

Des légendes de la chorégraphie, vivantes ou disparues, s'invitent, avec des chorégraphies de William Forsythe, Merce Cunningham, Pina Bausch ou encore Akram Khan.

L'Australien Barrie Kosky va présenter en janvier sa version scénique de l'oratorio "Saül" de Haendel qui a connu un triomphe depuis sa création en 2015 tandis que le Théâtre National de Corée et le Singapourien Ong Keng Sen transforment "Les Troyennes", tragédie grecque d'Euripide, en opéra coréen contemporain en juin 2020.

Figure atypique de la mise en scène, l'Américain Peter Sellars montera le spectacle "Perle noire" en hommage à Joséphine Baker et, en première mondiale, la musicienne malienne Rokia Traoré rendra hommage à Miriam Makeba, une icône de la lutte contre l'apartheid.

L'enfant terrible de la musique classique, le très sollicité chef d'orchestre greco-russe Teodor Currentzis, sera en résidence à compter de la saison 2020-2021. En revanche l'enfant terrible de la musique russe a annulé son concert du Nouvel An cette année et son cycle Beethoven en mai 2020 en raison d'engagements dans sa résidence à St-Pétersbourg. Ses concerts en octobre (Mozart et Fauré) et celui de mai 2020 (Rameau) sont maintenus, selon le Châtelet.

Spectacle de rue importé de Grande-Bretagnevisant à penser différemment nos villes, l'animation "Shadowing" interagira avec les Parisiens: des lampadaires captureront les mouvements des passants pour ensuite les rappeler comme des ombres aux prochains piétons.

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