Accueil Actu

Restauration rapide: le monde entier tient table ouverte en France

Après 15 ans d'efforts, la vague "ethnique" de la restauration rapide perce réellement en France, portée par une offre venue d'Argentine, du Maroc ou encore du Vietnam, un succès largement lié à la montée en gamme.

"Du bagel américain, des bols asiatiques, des poke en provenance de Hawaï, du poulet grillé français ou encore des sandwichs israéliens: on recense 54 mono-produits dans la restauration rapide en France", assure Bernard Boutboul, directeur du cabinet Gira Conseil.

En 2010, on décomptait déjà 35 produits de restauration rapide mais en 2001 elle se limitait aux seuls sandwich et hamburger, relevait-il à l'occasion du salon "Sandwich & Snack Show" organisé la semaine dernière à Paris.

Face à cette "folle diversification, les Américains, qui ne possèdent pas la moitié de ces produits, viennent voir ce qui se passe chez nous, tout comme le reste du monde, qui s'implante dans l'Hexagone avec ses divers concepts en visant le haut-de-gamme", ajoute t-il.

Des efforts qui ont mis du temps à porter leurs fruits, les pionniers ayant tenté leur chance il y a 30 ans.

"Depuis peu, les concepts tels que le grec Gallika et ses pitas, la gastronomie marocaine revisitée par l'enseigne Yemma ou encore les argentins de Manduca se sont positionnés et fonctionnent", assure Bernard Boutboul.

Les succès de cette cuisine internationale sont essentiellement liés au positionnement haut-de-gamme de ces enseignes.

C'est l'exemple de Enrique Zanoni, créateur du concept "gourmet" argentin "Clasico Argentino", qui compte sept établissements à Paris, un à Bordeaux et un à Londres.

"Je me suis aperçu que les empanadas -chaussons fourrés spécialités d'Argentine- n'étaient pas du tout représentés dans la +street-food+, de manière qualitative, en France", explique à l'AFP M. Zanoni, créateur de cette chaîne de restaurants.

"J'ai donc décidé de créer une enseigne spécialisée, avec une attention particulière sur la matière première de qualité, qui est fondamentale".

Selon lui, "si on peut percer en France, pays star de la gastronomie, on peut percer dans le monde entier, car c'est un marché très compétitif", assure l'homme âgé de 53 ans.

- "Tenter une expérience" -

L'originalité de l'offre ne garantit pas sa réussite, confirment les experts.

Il faut "générer un vrai sentiment de curiosité et de découverte, qui pousse le consommateur à tenter une aventure, une expérience", estime quant à lui Nicolas Nouchi, responsable des études au sein de CHD Expert Group.

Selon lui, "il faut par ailleurs arriver à se renouveler en permanence dans les recettes et les solutions proposées afin d'éviter l'effet de mode, comme l'a été le bar à pâtes par exemple".

En termes de produits "phares", il cite "les tacos, le poulet grillé version portugaise, ou encore la naturalité avec les poke bowl", plat hawaïen composé de thon mariné dans une préparation à base de gros sel, sauce soja, huile de sésame, citron vert, algues, et piment.

Stéphanie de Saint-Simon, 52 ans, s'est elle tournée vers l'Inde et compte deux restaurants ouverts en 2014 et 2015 dans Paris, le "MG Road" et le "Desi Road".

"J'ai été dans les premiers de cette vague, mais depuis l'an dernier, on constate une offre très large de restauration rapide élaborée en France, qui propose plus de qualité et plus de créativité", se réjouit cette femme auparavant traiteur.

"Ce ne sont pas les mêmes prix car le ticket moyen tourne autour de 30 euros, mais ce n'est pas la même expérience non plus: tout est cuisiné le jour-même, et il y a une vraie traçabilité", prône-t-elle.

Globalement, la restauration rapide "bat record sur record", selon Gira Conseil.

Ce segment "atteint en 2017 les 51 milliards d'euros, en hausse de 6% par rapport à 2016, +13% sur les quatre dernières années et +260% sur 13 ans, c'est l'euphorie, on n'avait pas vu une telle croissance depuis longtemps", lance Bernard Boutboul.

"On vit en France une disparition du fast-food, de la malbouffe, l'arrivée d'une certaine montée en gamme depuis plusieurs années, du fait-maison avec des produits bruts, à des prix assez élevés", confirme-t-il.

À lire aussi

Sélectionné pour vous