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Levée record de l'Argentine pour son retour sur les marchés

L'Argentine a réussi mardi son retour sur le marché de la dette, la demande pour son émission atteignant près de 70 milliards de dollars, soit plus de cinq fois plus que l'objectif initial.

Afin de solder le contentieux avec les "fonds vautours", le parlement argentin avait donné son feu vert à une émission de 12,5 milliards, le gouvernement envisageant par ailleurs de lever plus de deux milliards supplémentaires pour financer des infrastructures.

La demande atteint "près de 70 milliards de dollars", a déclaré à l'AFP une source proche du dossier, confirmant des informations de presse.

Le pays a proposé aux investisseurs des obligations à échéance 3 ans, 5 ans, 10 ans et 30 ans. Les taux d'intérêt de la nouvelle émission devraient se situer entre 6,75% et 8,60% selon la durée des titres.

"Les marchés offrent 67 milliards de dollars, un record", se réjouissait mardi à la une le premier quotidien argentin Clarin.

Le ministre du Budget devait donner une conférence de presse à l'issue du conseil des ministre hebdomadaire.

Le gouvernement doit officialiser le montant de l'émission de dette et les taux d'intérêt.

Il s'agit de la plus importante levée de fonds en Argentine depuis 20 ans, après des années de contentieux juridique avec les fonds spéculatifs qui ont toujours refusé d'accepter, comme l'on fait 93% des créanciers du pays, une décote sur les titres qu'ils détiennent.

Le président de centre-droit Mauricio Macri s'est félicité lundi en estimant que l'Argentine était "sortie d'années de conflit financier avec le monde".

Les banques Deutsche Bank, HSBC, JP Morgan, Santander, BBVA, Citigroup et UBS avaient été retenues pour l'opération, qui devait se terminer plus tard dans la journée.

- 'Attirer des investisseurs' -

L'Argentine avait besoin de nouveaux financements pour tourner la page de la crise économique et s'attaquer aux défis de l'inflation et à la relance de son économie.

Les milieux économiques s'attendaient au succès de l'opération auprès des Argentins, car ce type d'investissement n'est pas imposable dans le pays sud-américain.

"La sortie du défaut de paiement va permettre d'attirer de nouveaux investissements", estime la présidence argentine.

Au lendemain de la crise économique de 2001/2002, l'Argentine avait rompu avec les institutions internationales (FMI, Banque mondiale), les ex-présidents de gauche Nestor Kirchner (2003-2007) puis de son épouse Cristina (2007-2015) les tenant co-responsables du défaut de paiement de 2001.

Profitant du boom des matières premières dans les années 2000, Buenos Aires s'est désendetté grâce au produit des exportations agricoles, pilier de l'économie argentine.

La baisse des cours a conduit l'Argentine à revoir sa stratégie et un retour sur les marchés internationaux de capitaux s'imposait.

Fin mars, Buenos Aires et les fonds "vautours" ont conclu un accord pour mettre un terme au conflit et solder définitivement les comptes de la crise économique de 2001 et du défaut de paiement de la 3e économie d'Amérique latine.

- Croissance en berne -

Vendredi, l'agence de notation Moody's a relevé de Caa1 à B3 la note de dette souveraine de l'Argentine, qui reste en catégorie spéculative, mais avec un risque moins élevé.

L'agence a salué "l'amélioration des politiques économiques depuis que le président Macri est arrivé au pouvoir".

Le nouveau gouvernement argentin avait fait une priorité de parvenir à un règlement, même coûteux, avec les derniers créanciers en conflit avec l'Argentine, afin de donner confiance à d'éventuels investisseurs.

Au pouvoir depuis le 10 décembre, Mauricio Macri a rapidement engagé des réformes pour remettre le pays sur le chemin de l'orthodoxie économique, en rupture avec les politiques protectionnistes de ses prédécesseurs Nestor et Cristina Kirchner.

Une fois les fonds levés cette semaine dans les caisses de l'Etat argentin, le paiement aux fonds "vautours" devrait intervenir dès vendredi.

Le FMI a salué ce week-end les mesures prises "pour remettre de l'ordre" dans l'économie argentine.

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