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Retour remarqué de Marion Maréchal-Le Pen, minimisé par le FN

Avec une intervention jeudi devant tout le gratin conservateur des Etats-Unis et le lancement d’une académie ambitionnant d'être le "terreau" de "tous les courants de la droite", Marion Maréchal-Le Pen fait un retour remarqué, mais immédiatement minimisé par la garde rapprochée de Marine Le Pen.

L'ex plus jeune députée de France, 28 ans aujourd'hui, sera l'une des oratrices les plus en vue à la Conservative Political Action Conference (CPAC), rendez-vous annuel incontournable des conservateurs américains: elle prendra la parole juste après le vice-président Mike Pence, au premier jour de la conférence.

Le même jour, Valeurs actuelles publiera la tribune dans laquelle Mme Maréchal-Le Pen annonce s'être "associée à la création d'une académie de sciences politiques, à côté d'autres activités professionnelles". Ce projet n'est rattaché à aucun parti politique, et il "ne sert aucun d’eux", assure-t-elle.

Néanmoins, la nièce de Marine Le Pen a bien précisé qu'il s'agit bien d'"un projet politique", avec l'ambition d'"être le terreau dans lequel tous les courants de la droite pourront se retrouver et s'épanouir", en appelant à "davantage œuvrer en parallèle (de la politique électorale), sans négliger aucune strate de la société".

Cette soudaine activité intervient moins d'un an après le retrait de la vie politique de la plus jeune de la lignée Le Pen, qui fut une étoile montante du FN où elle avançait souvent des positions plus radicales que sa tante sur les sujets de société.

La garde rapprochée de Marine Le Pen a voulu y réagir avec l'apparence de la sérénité.

- Plus populaire que sa tante -

Selon l'un des porte-parole du parti, Sébastien Chenu, l'ex-députée du Vaucluse (2012-17) a appelé sa tante "pour justement qu'il n'y ait pas d'ambiguïté", et lui a dit: "je ne reviens pas en politique".

"Marion a eu la délicatesse de prévenir Marine Le Pen de tout cela et de lui dire précisément qu'elle ne souhaitait pas que son initiative personnelle et d'ordre professionnel soit vue comme un retour en politique", a-t-il insisté lors d'un point-presse à l'Assemblée nationale.

Dans sa tribune dans Valeurs actuelles, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen pose comme "vocation" de son projet de "détecter et former les dirigeants de demain", en proposant des formations "du magistère à la formation continue, ainsi que des universités d’été".

"Nous donnerons des armes intellectuelles, culturelles, juridiques, techniques et médiatiques à nos jeunes afin qu'ils soient les plus performants possible dans l'entreprise comme dans l'arène politique", promet-elle encore, avec l'objectif "qu'à l'issue de leur formation nos étudiants soient en mesure d'analyser, d'agir et d'influencer dans la société à travers la politique ou l'entreprise".

Pour ce qui est de son intervention à Washington, M. Chenu a laissé entendre qu'il s'agissait d'une conférence "payante": "vous payez pour pouvoir vous exprimer et pour ensuite pouvoir lever des fonds, c’est le système américain", a-t-il dit, dans une attaque à peine dissimulée.

"On est plutôt fier qu'elle (...) fasse connaître notre message à des Américains", a expliqué pour sa part le vice-président du FN Louis Aliot. "On verra la suite, si elle veut revenir, de toute façon elle sait très bien que le mouvement est ouvert, il n'y a pas de souci", a ajouté celui qui est également compagnon de Marine Le Pen.

Ce retour médiatique de Marion Maréchal-Le Pen, à deux semaine du congrès du FN prévu à Lille les 10 et 11 mars, est d'autant plus délicat à gérer pour le parti d'extrême droite que son co-fondateur Jean-Marie Le Pen sème déjà le trouble avec la publication du premier tome de ses Mémoires, avec, outre un nouvel éloge du maréchal Pétain, de "la pitié" exprimée pour sa fille Marine: "Elle est assez punie comme cela pour qu’on ne l’accable pas".

Lancée dans une opération de refondation du parti d'extrême droite, en butte aux attaques de plus en plus vives de son ancien bras droit Florian Philippot, Marine Le Pen sait également que seulement 20% des Français jugent favorablement son action, contre 22% pour sa nièce, selon le baromètre Ipsos pour Le Point réalisé au début du mois.

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