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Sa stratégie commerciale critiquée, Trump s'en prend à Harley-Davidson

Donald Trump a décoché mardi de nouvelles attaques contre la marque mythique de motos Harley-Davidson, qui a annoncé son intention de délocaliser une partie de sa production hors des Etats-Unis et émis ainsi des doutes sur la pertinence de ses politiques protectionnistes.

Dans une salve de tweets, Donald Trump n'a pas caché son agacement face à la décision du célèbre groupe américain basé à Milwaukee (Wisconsin) de délocaliser une partie de sa production à l'étranger pour échapper aux tarifs douaniers instaurés par Bruxelles en représailles à ceux de Washington.

"Une Harley-Davidson ne devrait jamais être fabriquée dans un autre pays-jamais!", a tonné le 45e président des Etats-Unis. "Leurs employés et leurs clients sont déjà très remontés contre eux. S'ils délocalisent, vous verrez, ce sera le début de la fin".

Donald Trump, chantre de "l'Amérique d'abord", a d'abord été "surpris" lundi de la décision de la marque âgée de 115 ans. Puis l'étonnement a laissé place à la colère.

"Les entreprises reviennent maintenant en Amérique. Harley doit comprendre qu'ils ne seront pas capables de revendre aux Etats-Unis sans payer une grosse taxe", a-t-il écrit sur Twitter, menaçant Harley-Davidson de représailles si le constructeur cherchait à écouler aux Etats-Unis des motos fabriquées à l'étranger.

Pour Donald Trump, Harley-Davidson utilise la "guerre commerciale" comme "prétexte" pour délocaliser "et je n'aime pas ça parce que j'ai été très bon avec Harley-Davidson", a-t-il dit devant des journalistes à la Maison Blanche.

Un syndicat du célèbre constructeur, cité par des médias, affirmait le mois dernier qu'au moins une partie des emplois supprimés dans le cadre de la fermeture d'une usine à Kansas City (Missouri) seraient transférés en Thaïlande, ce qui a été démenti par le groupe. Une usine est cependant bien en construction dans ce pays d'Asie du Sud-Est.

Un peu plus d'un an après avoir reçu en grande pompe les dirigeants d'Harley-Davidson à la Maison Blanche, la rupture semble donc consommée.

- "Conséquences" de sa politique commerciale -

Pied de nez aux élans protectionnistes du président américain, la décision d'Harley-Davidson semble fragiliser la stratégie de M. Trump sur le commerce. Et les critiques sont nombreuses, y compris dans son camp républicain.

"Le problème n'est pas qu'Harley n'est pas patriotique, c'est que les taxes douanières sont stupides", a ainsi jugé le sénateur républicain Ben Sasse, pour qui ces nouvelles mesures "ne fonctionnent pas".

Et le chef des républicains à la Chambre des représentants Paul Ryan, élu du Wisconsin --bastion des motos Harley-Davidson-- est venu contredire la stratégie de Donald Trump mardi.

"Je le répète à nouveau, je ne pense pas que les taxes douanières soient la bonne manière de procéder. Je pense que les droits de douane sont simplement des taxes et ce qui arrive à la fin est une escalade des prix", a-t-il critiqué.

Pour l'Union européenne, la décision d'Harley-Davidson n'est pas une surprise.

"Bien sûr que les conséquences sont que les entreprises et les consommateurs américains --que nous ne voulons pas punir, mais c'est une conséquence malheureuse-- vont réagir et mettre la pression sur l'administration américaine pour dire: +hey, attendez une minute, ce n'est pas bon pour l'économie américaine+. Et c'est ce qui se passe", a déclaré mardi Cecilia Malmström, commissaire européenne au Commerce.

Le conflit commercial avec l'Union européenne a été déclenché par l'imposition de taxes sur l'acier et l'aluminium européens au début du mois de juin. En représailles, les Européens ont décidé de taxer des produits emblématiques américains comme les jeans, le bourbon, le beurre de cacahuètes et les fameuses Harley-Davidson.

La marque a fait savoir que les taxes européennes renchériraient ses motos fabriquées aux Etats-Unis de 2.200 dollars chacune sur le marché européen. Or, après les Etats-Unis, l'Europe est le deuxième marché d'Harley-Davidson. Chaque année, 40.000 motos y sont vendues.

Mais Donald Trump entend bien persister et s'attaquer cette fois aux automobiles européennes. Il a laissé entendre mardi sur Twitter qu'une décision approchait.

Il a depuis quelques mois engagé plusieurs batailles sur le commerce, avec l'Union européenne mais aussi ses voisins canadiens et mexicains. Il s'est aussi attaqué à la Chine dans un conflit sur le vol présumé de propriété intellectuelle, qui inquiète les marchés et pourrait avoir des répercussions sur la croissance mondiale.

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