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Sanofi va céder ses génériques en Europe pour 1,9 milliard d'euros

Le géant pharmaceutique français Sanofi va vendre Zentiva, son activité de médicaments génériques en Europe, au fonds d'investissement américain Advent pour 1,9 milliard d'euros, mettant en oeuvre une cession décidée en 2015.

Les deux groupes ont annoncé être en "négociations exclusives", mais "l'offre d'Advent est ferme, irrévocable et entièrement financée", selon leur communiqué commun, qui précise que "la transaction devrait être conclue avant la fin de l'année".

"Zentiva est une activité solide (qui) a prouvé son potentiel de croissance", a déclaré Olivier Brandicourt, directeur général de Sanofi.

"A la suite d'un examen complet des options stratégiques pour notre activité de génériques en Europe, nous avons conclu que transférer cette activité à Advent constituait la meilleure option pour assurer son succès à long-terme."

Le projet de céder Zentiva avait été annoncé dès novembre 2015 par Olivier Brandicourt, lors de la présentation de sa feuille de route stratégique pour le groupe dont il venait de prendre les rênes quelques mois auparavant.

Ce désengagement, confirmé en octobre 2016, a pris du temps en raison notamment de l'éparpillement des lignes de production pour Zentiva sur les sites français de Sanofi.

"Céder les génériques en Europe, activité non coeur de cible, fait partie de la stratégie de simplification et de remodelage de l'entreprise", indique le communiqué.

Avant de finaliser l'opération, Sanofi doit consulter les représentants du personnel. L'activité des médicaments génériques regroupe quelque 3.000 emplois à temps plein, la plupart dans des usines en République tchèque et en Roumanie, mais aussi environ 200 en France.

"Ce sont des activités aujourd'hui solides et rentables. Cependant pour continuer à gagner des parts de marché nous devrions nous étendre dans d'autres segments dans lesquels nous ne sommes pas très bien positionnés", avait justifié M. Brandicourt à l'époque.

Contrairement à d'autres grandes marques de génériques, comme l'israélien Teva, Sandoz (filiale du groupe pharmaceutique suisse Novartis) ou l'américain Mylan, Zentiva n'a par exemple pas pris le virage des biosimilaires, copies de médicaments issus des biotechnologies, à plus forte valeur ajoutée et en forte croissance en Europe.

Et même si Zentiva est toujours actuellement l'un des principaux fabricants de génériques en Europe, la marque n'avait pas la taille critique de ses grands concurrents.

La Turquie, la Russie et les anciennes républiques soviétiques (comme la Biélorussie ou l'Ukraine), des marchés à fort potentiels, ont été retirés par Sanofi du périmètre de Zentiva devant être cédé, alors que dans les marchés européens plus matures, les prix des génériques sont sous pression, dans un contexte budgétaire tendu des systèmes publics de santé.

- 56% des médicaments vendus dans l'UE -

Advent International, qui gérait 35 milliards d'euros d'actifs au 31 décembre 2017, a de son côté indiqué vouloir investir dans Zentiva pour "bâtir un nouveau leader indépendant du marché européen des génériques".

"Nous avons toujours accordé beaucoup d'intérêt aux fabricants de médicaments génériques car ils permettent au plus grand nombre d'avoir accès à des traitements de grande qualité et à moindre coût", expliquent Tom Allen, patron de l'équipe Santé Europe d'Advent et Cédric Chateau, responsable du bureau d'Advent International en France.

Selon l'association des fabricants européens de génériques Medecines for Europe, les génériques représentent 56% des médicaments vendus dans l'Union européenne en volume, mais seulement 22% du total des dépenses pharmaceutiques.

Les médicaments génériques représentent une activité marginale pour Sanofi dans le monde: près de 1,8 milliard d'euros (-3,3% sur un an à taux de change constants) de chiffre d'affaires en 2017, contre 35 milliards d'euros (+5,6% à taux de change constants) globalement.

Pour assurer sa croissance future, le géant français, qui s'est aussi séparé depuis fin 2016 de sa division de santé animale Mérial, mise davantage sur des traitements issus des biotechnologies pour traiter des maladies rares, ainsi que sur sa division vaccins Sanofi Pasteur et sur les médicaments vendus sans ordonnance.

Début mars, le groupe a bouclé son acquisition géante (11,6 milliards de dollars) de la biotech américaine Bioverativ, spécialisée dans des traitements de l'hémophilie, et a lancé début avril ses offres publiques d'achat concernant la biotech belge Ablynx, présente dans le même domaine thérapeutique, et qui la valorisent à 3,9 milliards d'euros.

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