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Sans faire de bruit, la MotoE s'impose sur les circuits

Lancé cette année, le championnat de motos électriques MotoE s'impose peu à peu dans le paysage des courses de vitesse malgré ses particularités et les aléas qui ont marqué ses débuts.

Deux courses se sont déroulées ce weekend en marge du MotoGP de Saint-Marin et les deux dernières du championnat, qui en compte six au total, auront lieu lors du GP de Valence en novembre.

"Nous sommes très satisfaits du déroulement des courses et de la réception du paddock", souligne Nicolas Goubert, responsable de ce championnat à la Dorna, le promoteur du MotoGP. Les 18 pilotes sont eux-mêmes souvent des anciens pilotes de MotoGP, Moto2 ou Moto3 qui se reconvertissent dans cette nouvelle discipline.

La MotoE présente aussi la particularité d'aligner la seule femme dans le monde du MotoGP, l'Espagnole Maria Herrera, qui a notamment terminé 6e de la première course et 5e de la deuxième à Misano

"C'est amusant de piloter ces motos", confie-t-elle à l'AFP, ajoutant "c'est comme un nouveau monde pour les pilotes".

De loin, les MotoE ressemblent à leurs homologues des autres catégories mais une fois le carénage enlevé, c'est une grosse pile rectangulaire qui prend la place du moteur thermique habituel.

Si leur poids est presque deux fois plus important que celui d'un engin de la catégorie reine MotoGP, c'est le silence qui surprend leurs pilotes. "On n'a pas de bruit et c'est surtout un sifflement", indique le Français Kenny Foray. "Quand on est en course, on n'entend pas forcément les personnes avec qui on roule mais ce n'est pas pour autant qu'on les entend énormément quand on roule en thermique", tempère celui qui a été champion du monde d'endurance en 2014.

"Mais ce qui surprend le plus c'est que cela reste une moto. Contrairement à ce qu'on peut penser les sensations sont les mêmes, y compris celle de vitesse", ajoute-t-il.

Toutes les motos du championnat sont identiques, fabriquées par le constructeur italien Energica ce qui contribue à niveler le plateau et faire ressortir le pilotage.

Les caractéristiques actuelles du championnat sont gelées jusqu'à la fin 2021, soit des courses de l'ordre d'une quinzaine de minutes disputées en marge de plusieurs courses MotoGP en Europe.

Ensuite, tout dépendra de l'évolution technologique, notamment en matière de puissance et d'autonomie des piles électriques.

- Rouler plus -

"On ne verra pas une révolution dans la technologie des batteries d'ici trois ans", estime Nicolas Goubert, rappelant que la technologie des MotoE d'après 2021 devra être arrêtée au plus tard à la fin de l'année prochaine.

"Je ne veux pas dire que la moto n'évoluera pas mais on n'aura pas un saut technologique spectaculaire", prévoit le responsable.

Si les pilotes ne se plaignent pas outre mesure de la brièveté des courses ni du poids des motos, ils regrettent de ne pas pouvoir passer plus de temps dessus.

Le calendrier des essais a souffert de l'incendie qui a détruit en mars l'ensemble du parc de motos qu'Energica a du reconstruire et le championnat a débuté avec deux mois de retard.

"J'aimerais qu'on puisse rouler plus car actuellement j'ai l'impression de rouler à 80% car je n'ai pas assez de confiance pour rouler comme j'aurais envie de le faire", souligne Kenny Foray qui souhaite notamment voir l'autonomie des motos progresser.

Quant à ouvrir le championnat à d'autres constructeurs, Nicolas Goubert ne l'envisage pas pour le moment. "Si Harley-Davidson était venu frapper à notre porte, on leur aurait dit non", affirme-t-il, même si le célèbre constructeur américain mise sur le développement de la moto électrique de route pour renouveler son image et sa clientèle.

Kenny Foray met en garde contre les écarts technologiques que cela pourrait créer. "Ce qui serait vraiment dommage, c'est que l'on se retrouve avec des écarts de deux à trois secondes au tour car certains arriveraient à faire de meilleures motos. Les courses deviendraient alors très ennuyeuses".

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