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Scandale du Mediator: "Plus jamais ça!", dit un ex-patron de l'Agence du médicament

Dominique Maraninchi est arrivé à la tête de l'Agence de sécurité du médicament en février 2011 avec un "seul objectif", que le "drame" du Mediator ne se reproduise plus jamais, a-t-il expliqué mardi devant le tribunal correctionnel de Paris.

L'Agence était "en crise" en 2011, mise en cause dans le scandale du Mediator, médicament des laboratoires Servier commercialisé entre 1976 et 2009 et à l'origine de centaines de décès.

Il y avait alors au sein de l'Agence du médicament, qui s'appelait encore l'Afssaps (l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé) mais s'apprêtait à devenir l'ANSM (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé), "un sentiment de souffrance réel", "beaucoup de dénonciations internes" à coup de "lettres anonymes", raconte M. Maraninchi, aujourd'hui âgé de 70 ans.

Sa tâche, à la barre, est plus aisée que celle des précédents directeurs qui ont permis au Mediator de rester sur le marché jusqu'en novembre 2009. "A mon arrivée, mon seul objectif, c'était: plus jamais ça!", déclare l'ex-cancérologue. "J'espère que les modifications réglementaires, que l'issue de ce procès, rendront impossibles ces comportements", dit-il.

M. Maraninchi ne mâche pas ses mots contre les laboratoires Servier qu'il accuse de "33 ans d'argutie plus ou moins fallacieuse sur la nature du Mediator" pour "positionner dans le diabète un amphétamine qui coupait l'appétit". Le Mediator, présenté comme un anti-diabétique, a principalement été vendu comme anorexigène.

Il y a eu "des morts à cause d'un produit pas très utile, si ce n'est nul", accuse-t-il, soulignant que l'efficacité du Mediator contre le diabète était très limitée. Mais l'Agence qu'il a dirigée jusqu'en 2014 compte, aux côtés de la firme, parmi les prévenus. Elle est jugée pour homicides et blessures involontaires entre 1995 et 2009.

"Je ne veux pas dédouaner l'Agence", assure M. Maraninchi. "On a sifflé un peu tard la fin de la partie", admet-il. Mais Servier a entretenu "un brouillard complexe" qui a "peut-être trompé ceux qui avaient la responsabilité de décider" d'un retrait du médicament.

L'ex-directeur a souligné que le dossier Mediator avait été, pendant des années, ballotté de commissions en commissions au sein de l'Agence: "Cela a profité à la firme. (...) Cela a nuit au fonctionnement de l'Agence. Au bout d'un moment, il fallait prendre une décision".

Une loi de 2011 a modifié l'Agence du médicament, notamment pour mieux lutter contre les conflits d'intérêt. Car jusque-là, "le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'était pas très transparent", note M. Maraninchi.

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