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Skier à Noël : la Suisse, l'exception européenne?

En pleine cacophonie européenne sur les séjours de ski à Noël, la Suisse, nichée au coeur des Alpes, a lancé sa saison touristique d'hiver tout schuss et pourrait bien attirer des voisins frustrés de descente chez eux.

Au Nord, les stations de ski bavaroises seront fermées pendant les vacances de fin d'année pour éviter la propagation du Covid-19. A l'Ouest, ce sont les remontées françaises qui seront immobilisées pendant les fêtes.

Au Sud, les Italiens devraient également être privés de ski à Noël, tandis qu'à l'Est, les Autrichiens sont mis sous pression par Berlin pour en faire de même.

En Suisse, frappée de plein fouet par la deuxième vague de Covid-19, les autorités et les secteurs concernés présentent un front uni, après une fin de saison écourtée mi-mars par la première vague.

"En Suisse, nous pouvons aller skier, avec des plans de protection", a assuré jeudi le ministre de la Santé, Alain Berset, en soulignant que le gouvernement re-examinerait la situation avant les fêtes de fin d'année.

Car même si ce sont les cantons qui décident de l'ouverture des stations, le gouvernement peut avoir son mot à dire.

Il mise pour l'instant sur la responsabilité individuelle et le respect des mesures de protection mises en place par les remontées mécaniques, les écoles de ski et les guides de montagne (respect des règles d'hygiène et de distance, port obligatoire du masque partout sauf sur les pistes).

"En Suisse, le Conseil fédéral, les autorités et l'industrie du tourisme sont convaincus que la voie suisse est pour l'instant la bonne et que la saison d'hiver peut se dérouler en toute sécurité", a indiqué à l'AFP Véronique Kanel, porte-parole de l'office national du tourisme.

Le lancement, lundi, de la saison touristique d'hiver s'est fait avec la présidente de la Confédération, Simonetta Sommaruga, qui "compte sur la population pour nous aider à faire en sorte que cet hiver soit réussi".

Et le plan de protection sanitaire élaboré par les Remontées mécaniques suisses pour plus de 2.400 installations (téléskis, télésièges, téléphériques...) a été favorablement accueilli par les autorités.

Ce concept "incluant l'utilisation obligatoire de masques de protection dans et sur toutes les remontées mécaniques, ainsi que dans les zones d'attente, constitue une bonne base pour des sports d'hiver sûrs", a expliqué à la télévision publique SRF, Rudolf Hauri, président de l'Association des médecins cantonaux de Suisse.

Tout ne se déroule pas toujours parfaitement, et une photo de skieurs agglutinés dans une file d'attente à Zermatt en novembre avait choqué et forcé la police à s'en mêler.

- "On skiera à Noël" -

Depuis quelques semaines déjà, les Suisses peuvent dévaler les pistes comme à Verbier, Gstaad ou Saas-Fee.

En Valais (sud-ouest), une des principales régions de ski du pays aux côtés des Grisons (est) et de l'Oberland bernois (centre), le président de l'exécutif cantonal, Christophe Darbellay, l'a assuré à l'AFP: "on skiera à Noël".

Dans la région, les hôtels sont déjà ouverts, et les restaurants doivent ouvrir à la mi-décembre.

"Plus que jamais, les gens ont besoin d'air, de neige, d'espace", dit-il, faisant part de son incompréhension face notamment aux mesures prises en France, où les remontées mécaniques devront rester fermées alors qu'"on ne ferme pas le RER" à Paris.

"Chez nous, ce n'est pas une option", assure Christophe Darbellay.

Mais si la Suisse risque d'être l'exception dans les Alpes, les domaines skiables ne s'attendent guère à voir surgir des hordes de skieurs européens, si ce n'est des mordus du ski.

"Nous ne pensons pas avoir énormément d'Européens sur les pistes suisses, compte tenu aussi des restrictions de voyage/mobilité en vigueur dans les pays européens. Il ne faut pas oublier, notamment, que l'Allemagne a placé la Suisse sur sa liste de zones à risque", Véronique Kanel.

Les pronostics du secteur restent d'ailleurs assez sombres.

Selon une enquête menée par Suisse Tourisme auprès des prestataires touristiques fin octobre, le taux de réservation dans les hébergements en montagne pour les vacances de Noël serait actuellement inférieur de 19% à celui de l'année précédente.

Le taux de réservations pour les vacances de sports d'hiver (février) est, quant à lui, en recul de 28% sur un an.

"Une fermeture des remontées mécaniques serait très difficile à porter", a souligné auprès de l'AFP Floriane Moerch, porte-parole des Remontées Mécaniques Suisses, qui regroupe 350 entreprises.

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