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SNCF: les cheminots se prononcent massivement contre la réforme qui arrive au Sénat

Grand écart des chiffres à la SNCF: près de 95% des cheminots ayant participé à la "vot'action" ont dit non à la réforme ferroviaire, mais le taux de grévistes a atteint son plus bas niveau mercredi, alors que la réforme commençait à être examinée par le Sénat.

Trois jours avant une nouvelle série de rencontres bilatérales avec le Premier ministre, Édouard Philippe, à Matignon, les résultats de la consultation organisée par l'intersyndicale du 14 au 22 mai ont été présentés par les syndicats.

Elle a enregistré un taux de participation "exceptionnel" de 61,15%, soit 91.068 cheminots (sur près de 147.000) qui ont pris part au vote dans les "564 urnes déployées dans le pays", a annoncé à la presse Laurent Brun, secrétaire général de la CGT Cheminots. Appelant le gouvernement "à écouter les cheminots" hostiles à son projet de réforme, il a de nouveau exigé de "véritables négociations".

"On ne fait pas une réforme contre l'avis des principaux experts en la matière et de ceux qui vont devoir la mettre en œuvre au travers de leur travail", a insisté M. Brun, relevant une "très forte participation de l'encadrement" - traditionnellement peu gréviste - à ce vote. Une "pétition", ont estimé le gouvernement et la direction de la SNCF.

Fort du score de la "vot'action", Sud-Rail a demandé au patron de la SNCF, Guillaume Pepy, d'en "tirer les conséquences" et "de présenter sa démission au gouvernement avant la fin de la semaine", a déclaré son porte-parole, Erik Meyer. Ce n'était pas l'objectif de la consultation mais M. Pepy "devrait tirer les conséquences du vote", a abondé M. Brun.

Si "la rupture de confiance entre la direction et le corps social de la SNCF est extrêmement forte (...) on n'est pas sur des questions de personnes", a souligné le secrétaire général adjoint de la CFDT Cheminot, Sébastien Mariani, rejoignant l'Unsa ferroviaire, qui a refusé de "personnifier le débat".

La consultation a eu lieu "en dehors de tout cadre légal", sans isoloirs, ni huissiers, a commenté la direction de la SNCF, promettant par ailleurs "un dialogue social constructif" en interne.

- La réforme arrive au Sénat -

Les quatre syndicats souhaitent également un allongement du calendrier de négociation de la convention collective nationale du transport ferroviaire, qui doit être bouclée avant la fin des recrutements au statut de cheminot à la SNCF, le 1er janvier 2020. Ce calendrier serré pour "cinq accords à négocier" au niveau de la branche "démontre l'impréparation" du projet, a critiqué M. Meyer.

Le secrétaire général de l'Unsa ferroviaire, Roger Dillenseger, a dénoncé "une réelle approximation" du gouvernement "sur tous les dossiers" de ce projet géré "dans un vrai brouillard".

Unsa et CFDT ont été les seuls syndicats à proposer au gouvernement des amendements au projet de loi réformant la SNCF en vue de son examen au Sénat. M. Dillenseger a prévenu que l'objectif n'était pas de "modifier des bricoles".

Devant la commission de l'Aménagement du territoire et du Développement durable du Sénat, la réforme a reçu "des modifications substantielles", en particulier pour favoriser le volontariat des salariés transférés chez de nouveaux opérateurs dans le cadre de l'ouverture à la concurrence, a indiqué la commission.

Il est aussi prévu, pendant une période déterminée, que les salariés réembauchés au sein de la SNCF bénéficient à nouveau du statut de cheminot. Le texte arrivera en séance publique à partir de mardi avant un vote solennel le 5 juin.

Ces annonces coïncident avec le 21e jour de grève du mouvement par épisode. Le taux de grévistes a chuté mercredi à 14,22%, son plus bas niveau en semaine depuis le début du conflit, selon les chiffres de la direction. Et celui des conducteurs en grève (49,2%) est passé pour la première fois sous les 50%.

Jugeant la participation à la grève "forte dans la durée", M. Mariani a souligné la "détermination forte" des cheminots car le projet de réforme "détruit l'existant sans dire ce qu'on va construire demain".

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