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Stade de France : l'Etat enterre la concession actuelle et veut impliquer les fédérations

L’État, propriétaire du Stade de France, n'entend pas prolonger après 2025 le contrat critiqué qui le lie à un consortium privé pour son exploitation et a tendu la perche aux fédérations de foot et de rugby pour trouver un nouveau modèle.

"La décision a été prise et arrêtée de ne pas renouveler la concession actuelle", a annoncé la ministre des Sports, Roxana Maracineanu, lors d'un point-presse sur le budget 2020.

Cette annonce n'est pas une grande surprise, tant le contrat initial avait été jugé défavorable aux finances publiques. Conclu le 29 avril 1995, entre les deux tours de la présidentielle, ce contrat entre l’État et le Consortium Stade de France, formé par les géants de la construction Vinci et Bouygues, prévoyait que ce dernier bâtisse l'enceinte en échange d'une concession sur 30 ans.

Mais l’État, qui avait investi 191 millions d'euros sur les 361 qu'ont coûté le stade, a dû verser pendant des années l'équivalent de 115 millions d'euros au consortium, en guise d'indemnité pour absence de club résident.

Car le vaisseau de Saint-Denis, théâtre d'événements sportifs grandioses, où les Bleus de Zidane ont remporté leur première Coupe du monde de football en 1998, n'a jamais trouvé une équipe à sa taille et l'enceinte accueille une moyenne de 20 à 30 événements par an. Au total, les dépenses publiques se sont élevées à 778 millions d'euros depuis 1995, notait la Cour des comptes fin 2018.

- pas d'offre d'achat -

Le modèle économique du Stade de France est également critiqué pour son éclatement entre différents acteurs qui ont souvent des intérêts divergents: l’État propriétaire, le consortium qui l'exploite et ses utilisateurs, fédérations de foot et de rugby ou organisateurs de concert.

Une étude commandée par l’État aux cabinets Roland Berger et Wavestone, dont le ministère a diffusé une synthèse vendredi, plaide pour un modèle plus intégré, en citant en exemple Wembley, propriété de la fédération anglaise de football, ou celle de rugby à Twickenham.

Dans une si grande enceinte, où seuls des concerts et matches de prestige peuvent être accueillis, et dans un contexte de concurrence plus forte (Arena de La Défense, Groupama Stadium à Lyon...) l'étude recommande de miser sur les hospitalités (loges), la location d'espaces à des exposants et un contrat de naming est suggéré.

"La solution privilégiée, c'est de confier la concession à un privé associé aux fédérations", souligne-t-on au cabinet de Roxana Maracineanu. "On avance avec les fédérations en question", a précisé la ministre.

Mais ces dernières sont-elles vraiment intéressées ? Une entrée au capital du Stade de France figurait dans le programme de Bernard Laporte pour être élu à la fédération de rugby en 2016. Mais "les ressources que l'on dégage, elles ont vocation à financer le rugby, par un éventuel déficit d'exploitation" de l'enceinte dionysienne, prévenait le trésorier de la FFR, Alexandre Martinez, dans un entretien à l'AFP début 2018. Quant à la fédération française de foot, elle s'est toujours montrée prudente sur le sujet.

Dans cette perspective de négociation avec les fédérations, l'Etat laisse la porte ouverte à une vente pure et simple du Stade de France, après les JO. Encore faut-il qu'il y ait un acheteur. "Pour l'instant, il n'y a pas eu d'offre", reconnaît-on au ministère des Sports.

Le choix du futur modèle se pose alors que le Stade de France sera au cœur des Jeux olympiques de Paris-2024 et un an plus tôt de la Coupe du monde de rugby. Dans cette perspective, le consortium avait proposé à l'Etat une rénovation XXL de l'enceinte, vieillissante, à hauteur de 450 millions d'euros, en proposant de la financer dans le cadre d'une poursuite de la concession. Le gouvernement avait déjà décliné cette offre de chantier jugé pharaonique. L’État a prévu d'investir 50 millions d'euros pour rafraîchir le Stade de France d'ici à 2024.

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