Accueil Actu

Stages pour les jeunes de banlieue: "il faudra bien préparer les collégiens et les entreprises" (association)

Proposer des stages de 3è aux jeunes de banlieue: Bastien Le Coz, jeune entrepreneur et créateur de l'association "Un stage et après", qui développe l'accueil de stagiaires de quartiers défavorisés, salue l'initiative d'Emmanuel Macron mais insiste sur la nécessité de bien préparer les jeunes et les entreprises.

QUESTION: Emmanuel Macron a annoncé que 15.000 stages de 3è vont être proposés par les entreprises et 15.000 autres par l'Etat pour en faire profiter les jeunes des quartiers en difficulté. Que pensez-vous de cette initiative ?

REPONSE: Pour 850.000 élèves chaque année, le stage en entreprise est la première, et pour certains, parfois, la seule rencontre avec le monde professionnel. Depuis 2005, il est obligatoire mais souvent vu comme une contrainte pour les parents, les professeurs et les entreprises, et peut s'avérer très discriminant pour les élèves. Cela fait 10 ans que nous nous battons au quotidien pour valoriser ce stage d'observation. Nous ne pouvons que nous réjouir de voir le président mettre en avant ce dispositif qui présente tant d'avantages pour les collégiens et les professionnels qui les accueillent.

En pleine transition entre le collège et le lycée, ce stage est l'occasion parfaite pour redonner du sens à ce que les élèves étudient à l'école. Les quartiers défavorisés sont particulièrement touchés par le décrochage scolaire des jeunes qui ont du mal à se projeter dans leur futur. C'est pour cela que nous avons choisi de leur ouvrir leurs horizons en leur présentant des options qu'ils n'imaginent pour la plupart même pas. Dans les quartiers ou les villages enclavés, on ne pense pas à aller voir ce qui existe dehors. L'autocensure est une des premières difficultés.

Par ailleurs, des discriminations subsistent car de nombreux quartiers sont encore jugés sur des préjugés et non sur la qualité de ses jeunes.

Q: Qu'est ce que cette expérience peut concrètement leur apporter ?

R: Souvent, le collégien n’a pas une idée précise de son avenir professionnel. Il est encore un peu tôt pour y penser sérieusement. Le stage d’observation, en plus de lui permettre de découvrir le monde du travail, l’aide à réfléchir à son orientation. C’est en classe de 3e que se prend l’une des décisions les plus importantes pour sa scolarité : le choix de son orientation en filière générale ou professionnelle. Un stage réussi, ce sont de meilleures notes dès le trimestre suivant, et une meilleure compréhension pour l’élève de sa scolarité. Un stage réussi, c’est une vraie barrière de protection contre le décrochage scolaire.

On aide à réparer les fractures sociales du pays avec ce droit qu'ont les collégiens, et ils n'en ont pas tant que ça. Les entreprises ont, elles, le devoir de tendre la main aux adolescents, d'imaginer une place pour eux.

Q: Comment pourra-t-on s'assurer que ces stages auront une véritable utilité ?

R: 30.000 offres ne sont pas la garantie de 30.000 stages réussis. Aux débuts de l'association, nous proposions une banque de stages, jusqu'à ce qu'on prenne conscience de l'importance de la préparation. Car sans préparation, cela risque d'être du +one shot+ pour les entreprises. Elles peuvent ne plus jamais vouloir entendre parler de stagiaire. De leur côté, les jeunes peuvent ressortir traumatisés par l'expérience. Notre expérience nous a appris l'importance de préparer les uns et les autres. Parce que trouver le stage idéal et accueillir un stagiaire ne s'improvise pas, nous proposons un programme pédagogique adapté pour préparer les uns et les autres à cette rencontre. Bien préparer un stage permet un stage réussi et un stage réussi redonne du sens à la scolarité.

À lire aussi

Sélectionné pour vous