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Syndicats SNCF: après l'unité dans la grève, l'affrontement dans les urnes

Alliés et partenaires de grève contre la réforme ferroviaire au printemps, les syndicats de la SNCF ont remisé cet automne les démarches unitaires: place à la campagne électorale pour conquérir les voix des cheminots qui éliront, en novembre, leurs représentants.

Désormais, "c'est chacun pour soi", résume pour l'AFP Roger Dillenseger, secrétaire général de l'Unsa ferroviaire, classée deuxième derrière la CGT lors des précédentes élections, en 2015.

"En période électorale, c'est chacun pour soi", abonde Bruno Poncet, secrétaire fédéral de SUD-Rail (3e syndicat). Mais "le dialogue n'est pas rompu", tempère Sébastien Mariani, secrétaire général adjoint de la CFDT-Cheminots (4e).

Dernière action commune des quatre syndicats représentatifs: un courrier détaillant à la mi-septembre la répartition de la cagnotte lancée pour soutenir la grève unitaire par épisode de deux jours, menée d'avril à juin. Près de 1,3 million d'euros ont été distribués aux cheminots, soit 11,90 euros par journée de grève.

L'agenda social ferroviaire est fourni d'ici au 1er janvier 2020, avec la négociation d'un nouveau cadre social à la SNCF, où s'arrêteront alors les embauches au statut de cheminot, et celle d'une convention collective nationale pour tous les salariés de la branche.

Mais sur les réseaux sociaux, slogans et tracts électoraux ont succédé aux appels à la grève. Du 16 au 22 novembre, les 150.000 cheminots doivent élire leurs premiers comités sociaux et économiques (CSE). Ils remplaceront les 31 comités d'entreprises, 300 délégués du personnel et 600 comités d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) que compte actuellement le groupe public. Pour la première fois, ce sera un vote électronique.

Le nombre de CSE reste toutefois suspendu à une décision de justice. Le découpage en 33 comités promu par la direction, accepté par l'Unsa et la CFDT, est contesté par la CGT et SUD, qui ont déposé - séparément - des recours judiciaires. Le jugement sera rendu le 11 octobre. S'il invalide le découpage proposé, les élections seront reportées.

- "Inquiétude du corps social" -

En attendant, la CGT-Cheminots "continue" de préparer les listes des candidats, "il y a beaucoup de nouveautés, les périmètres, les structures en tant que telles, l'égalité homme-femme" au prorata des collèges électoraux, souligne son secrétaire général, Laurent Brun.

Restent à fixer également le nombre des représentants de proximité et celui des commissions santé, sécurité et conditions de travail, encore en négociation à la SNCF.

Programmé cinq mois après le vote de la loi de réforme ferroviaire, ce scrutin bousculera-t-il un classement syndical inchangé depuis 2009? Les contestataires CGT et SUD conserveront-ils à deux leur majorité de blocage des accords d'entreprise face aux réformistes Unsa et CFDT, qui font valoir les amendements à la loi obtenus en négociant au printemps?

Inamovible N.1, la CGT a vu son audience s'effriter à chaque scrutin depuis 2004, glissant à 34,33% des voix en 2015. Son frère ennemi SUD (16,83% en 2015) espère cette fois "faire mieux que 17%", selon M. Poncet. Culminant à 23,86% il y a trois ans, l'Unsa "court après la barre des 25%", indique M. Dillenseger.

La CFDT-Cheminots (15,15% en 2015) "pense pouvoir progresser dans l'encadrement", précise Rémi Aufrère-Privel, secrétaire général adjoint, en relevant que ce scrutin s'organise dans un climat de "forte inquiétude du corps social".

"Ces élections sont encore plus importantes que d'habitude. Si la CGT et SUD progressent, ce sera un échec pour les cheminots. Cela mettra en berne la capacité de négocier et la capacité des salariés de s'exprimer dans l'entreprise", attaque M. Dillenseger.

"Si SUD et la CGT ne sont plus à 51%" de majorité de blocage, "il n'y aura plus de forces pouvant s'opposer à la direction, et ça sera pire que tout", contre-attaque M. Poncet.

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