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Télécoms: le chinois ZTE a vu son titre baisser à la reprise de sa cotation

Le titre du géant chinois des télécoms ZTE a dévissé de quelque 40% mercredi à la Bourse de Hong Kong où il reprenait sa cotation, en dépit de l'accord passé avec les Etats-Unis pour lever les sanctions américaines qui menaçaient sa survie.

L'action ZTE a terminé la séance sur un effondrement de 41,56% à 14,96 dollars de Hong Kong. A Shenzhen, deuxième place de Chine continentale où il est également coté, le titre a plongé de 10%, la baisse maximale quotidienne autorisée.

Les échanges sur les titres ZTE étaient suspendus depuis avril, après la décision de Washington d'interdire toutes les ventes pendant sept ans de composants électroniques américains au groupe chinois, accusé d'avoir violé des embargos vers l'Iran et la Corée du Nord.

Or, ZTE, fer de lance des infrastructures 5G en Chine et très dépendant des technologies américaines pour sa téléphonie mobile, avait été contraint de cesser ses principales activités suite à la sanction. Pékin avait alors fait du dossier une priorité dans ses âpres pourparlers commerciaux avec Washington.

Les Etats-Unis ont finalement indiqué jeudi avoir trouvé avec la Chine un accord selon lequel ZTE, en contrepartie d'une levée des sanctions, devra "s'acquitter d'une amende d'un milliard de dollars" et mettre sous séquestre 400 millions de dollars.

A en juger la dégringolade boursière, ce dénouement n'a guère convaincu les investisseurs.

"Même si le cauchemar est terminé, ZTE va devoir s'attaquer à de multiples changements. On peut s'attendre à des pressions sur le titre à court terme, à une volatilité du cours", commentaient mercredi dans une note les experts du courtier Jefferies.

Par ailleurs, l'incertitude persiste: au Congrès américain, de nombreux parlementaires jugent que ZTE représente un danger pour la sécurité nationale aux Etats-Unis, et des sénateurs des deux bords ont voté un amendement pour que l'interdiction de sept ans soit maintenue.

- "Perte significative" -

Enfin, l'administration Trump a également exigé de ZTE, dont le siège est à Shenzhen (sud de la Chine), qu'il remanie entièrement son conseil d'administration et son équipe dirigeante.

L'entreprise "va enregistrer une perte significative sur ses résultats annuelles" mais subira également les conséquences négatives des changements de direction, prévient Bin Liu, analyste de Citi.

Surtout, au-delà du cas ZTE, Washington n'a pas abandonné sa menace d'imposer des droits de douane punitifs sur 50 milliards de dollars d'importations de produits chinois, au risque de déclencher une guerre douanière entre les deux puissances.

"L'accord américain sur ZTE, c'est un accord politique", observe néanmoins Dickie Wong, expert du courtier Kingston Securities. "Si les Etats-Unis n'avaient pas rendu sa +liberté+ à ZTE, la Chine aurait rendu la vie impossible aux entreprises américaines", souligne-t-il.

Après avoir plaidé coupable en 2016 d'avoir réexporté vers l'Iran et la Corée du Nord des équipements achetés aux Etats-Unis en dépit d'un embargo américain, ZTE avait déjà payé l'an dernier une amende de 1,2 milliard de dollars et promis à Washington de sanctionner les responsables impliqués.

Mais l'administration Trump accusait le groupe de n'avoir pas tenu tous ses engagements, et avait décidé mi-avril d'interdire toutes les exportations de composants américains destinés au groupe.

ZTE a depuis reconnu dans un mémo interne les "négligences de quelques cadres", reflétant "une culture d'entreprise fautive".

-- avec Bloomberg News --

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