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Feux en Amazonie, guerre commerciale: la tension monte à l'aune du G7 en France

La tension est brusquement montée vendredi à la veille du G7 de Biarritz, avec des Européens mobilisés face aux incendies en forêt amazonienne - Emmanuel Macron accusant son homologue brésilien d'avoir "menti" sur ses engagements - et une guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine qui repart de plus belle.

Devant "l'inaction de Jair Bolsonaro face au changement climatique, y compris sur les incendies", la France dira "non" au traité de libre-échange controversé entre l'UE et le Mercosur, a fait savoir le président Macron à la veille du sommet du G7 de Biarritz, qui se tient de samedi à lundi dans le Sud-Ouest de la France.

Ce coup de semonce français, qui bloquerait le traité, n'a pas été du goût de Berlin, où un porte-parole du gouvernement a jugé que ce n'était "pas la réponse appropriée", et le Mercosur s'est empressé d'annoncer plus tard dans la soirée avoir conclu un accord commercial avec quatre pays européens non membres de l'UE (Norvège, Islande, Liechtenstein et Suisse, qui forment l'Association européenne de libre-échange, AELE).

L'ampleur des feux qui sévissent dans la plus vaste forêt tropicale de la planète inquiète au plus haut point la communauté internationale, qui a passé outre aux accusations d'ingérence "colonialiste" du président brésilien et a décidé de se saisir du problème.

Cette "situation d'urgence aiguë" doit figurer au menu des discussions du G7, a réclamé la chancelière allemande Angela Merkel. "Il s'agit d'une crise internationale", a tweeté le Premier ministre britannique Boris Johnson.

Face à l'urgence, le G7 va tenter de faire émerger "des initiatives concrètes pour l'Amazonie", a assuré Paris.

Sous pression, le président Bolsonaro a autorisé l'envoi de l'armée afin d'enrayer la propagation de ces incendies, qui ont suscité une série de manifestations à travers l'Europe.

Le sort du "poumon de la planète" s'ajoute à la liste des sujets de friction qui seront abordés par les Sept entre le dîner d'ouverture samedi et la conférence de presse finale lundi après-midi.

De l'Iran au commerce en passant par le Brexit, les lignes de fracture sont en effet multiples, entre un Donald Trump imprévisible, déjà en campagne pour sa réélection, un Boris Johnson volontiers provocateur, et les cinq autres leaders.

Flairant le danger après le coup de théâtre du précédent sommet au Canada où le président américain refusa de signer les conclusions qu'il avait pourtant acceptées, Emmanuel Macron a biffé d'un trait l'exercice de la déclaration finale, autrefois passage obligé de ce groupe de "discussions informelles" initié en 1975 par le Français Valéry Giscard d'Estaing, après le premier choc pétrolier.

L'Elysée a annoncé dans la soirée qu'Emmanuel Macron s'adresserait aux Français samedi à 13h00 (11h00 GMT) pour leur "expliquer les enjeux du sommet".

- Taxe GAFA -

Quarante ans plus tard après la création du groupe, les Sept sont malmenés par un multilatéralisme en berne, l'émergence de nouvelles puissances comme la Chine et un nationalisme décomplexé jusqu'au cœur des démocraties occidentales.

Emmanuel Macron, déterminé à se poser en médiateur dans le grand chamboulement mondial, ne désespère pas d'arracher quelques concessions à Donald Trump sur le nucléaire iranien, dossier explosif numéro un qui menace d'embraser le Moyen-Orient.

Pour tenter de sauver l'accord international moribond sur le nucléaire iranien, toujours "soutenu fortement" par Boris Johnson selon une source diplomatique britannique, le président français a reçu vendredi le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif. Les propositions de M. Macron "vont dans la bonne direction, mais il est clair qu'il reste du chemin", a salué ce dernier.

Paris tente d'obtenir un allègement des sanctions américaines visant le pétrole iranien en échange d'un retour de l'Iran au plein respect de l'accord et de nouvelles négociations avec Téhéran sur son programme balistique et son influence régionale.

Le président américain ne devrait guère se montrer plus amène sur la taxation des géants du numérique portée par la France. Un régime fiscal "hautement discriminatoire" et "totalement contreproductif", contre lequel il entend bien militer à Biarritz, selon un responsable américain.

- Guerre commerciale ravivée -

"N'oubliez pas que le prochain sommet se tiendra aux Etats-Unis en 2020, qui est l'année de l'élection présidentielle américaine. Donc c'est dans l'intérêt de Donald Trump d'avoir un sommet qui réussit (...) et prépare le terrain pour le prochain", nuance Rohinton Medhora, président du Centre for International Governance Innovation, un groupe de réflexion canadien.

L'autre dossier soudainement devenu brûlant à quelques heures du sommet est celui de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine.

La Chine a annoncé vendredi son intention d'imposer de nouveaux droits de douane sur 75 milliards de dollars d'importations en provenance des Etats-Unis, ce à quoi Washington a répondu dans la soirée par un relèvement des droits de douane américains sur les produits chinois importés aux Etats-Unis.

Une escalade qui a fait tousser les Bourses mondiales, sur fond de craintes pour la croissance mondiale.

Durant trois jours, les leaders du monde seront confinés dans un palace, loin de la société civile dont ils se veulent à l'écoute, et l'élégante station balnéaire de Biarritz sera transformée en camp retranché.

Plus de 13.000 policiers et gendarmes sont mobilisés dans toute la région, où un grand rassemblement d'opposants au sommet fait craindre des violences samedi d'Hendaye à Irun (Espagne).

Vendredi soir, 17 personnes ont été interpellées et placées en garde à vue, et quatre policiers ont été légèrement blessés à Urrugne (Pyrénées-Atlantiques, sud-ouest) lors de heurts entre des manifestants et les forces de l'ordre.

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