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TER: la SNCF écarte la revendication d'un contrôleur dans tous les trains

A bord des TER, la sécurité est "la même avec ou sans contrôleur" pour épauler le conducteur, selon Guillaume Pepy, mais la SNCF va néanmoins renforcer le dispositif d'alerte dans ces trains après la publication vendredi d'un rapport interne sur l'accident des Ardennes, qui avait entraîné des arrêts de travail.

Le 16 octobre, il n'y avait qu'un conducteur - avec une soixantaine de passagers - à bord du TER qui avait percuté à 118 km/h un convoi routier exceptionnel, bloqué sur un passage à niveau inadapté à son gabarit et qu'il n'aurait pas dû emprunter, selon le rapport.

Blessé, sans système d'alerte opérationnel dans sa cabine de conduite à cause du choc, le conducteur avait dû courir sur les voies pour sécuriser seul les abords et éviter un sur-accident. Il s'est écoulé dix minutes entre la collision et l'ordre d'arrêt d'urgence donné à un autre TER arrivant en face.

Cet accident avait entraîné une vague d'arrêts de travail de conducteurs et contrôleurs dans toute la France, sur la base du droit de retrait (possibilité de cesser le travail en cas de danger grave et imminent, ou de défectuosité des systèmes de protection). Les syndicats réclamaient un minimum de deux agents par train.

"Il n'y a tout simplement pas de différence de niveau de sécurité, que ce soit pour les clients ou pour les agents, entre configuration sans contrôleur et configuration avec contrôleur", a insisté M. Pepy vendredi, balayant dans un entretien aux journaux du groupe Ebra la revendication des cheminots. Ces trains "ont des équipements spéciaux", "le conducteur est spécialement formé".

D'après le rapport, "le passage à niveau a bien fonctionné", le conducteur "a appliqué la réglementation", la cabine de conduite "a résisté au choc" et "les secours alertés sont intervenus dans les meilleurs délais".

M. Pepy, qui laissera la semaine prochaine la présidence de la SNCF à Jean-Pierre Farandou, a cependant retenu du rapport interne des pistes pour "encore mieux protéger" dans ces TER leurs "équipements d'alerte".

- "Un point noir" -

Le matériel d'alerte radio à bord et ses circuits électriques devront être renforcés, des alternatives de communication seront étudiées (téléphones portables avec des numéros d'urgence programmés, radios portatives), a indiqué la direction. "Après concertation" avec les organisations syndicales, une nouvelle "fiche réflexe" devra définir les "actions à mener" par les conducteurs en cas de collision.

Car "de tout accident, on apprend": le scénario aurait été simplifié dans les Ardennes si le conducteur avait utilisé le dispositif d'alerte avant la collision qui l'a endommagé, a expliqué le directeur général sécurité de la SNCF, Frédéric Delorme. "Le fait d'alerter avant l'accident, c'est la meilleure garantie. Il faut avoir ce réflexe avant le choc", a-t-il déclaré à des journalistes.

Mais, note Sébastien Mariani du syndicat CFDT-Cheminots, il ne suffit pas "d'adapter la procédure en rédigeant une +fiche réflexe+. Les réflexes, cela s'éduque par la répétition. Les conducteurs devront être formés avec des simulateurs".

"Préconiser d'alerter avant le choc, c'est positif", a jugé Florent Monteilhet de l'Unsa ferroviaire, qui relève néanmoins "un point noir": le rapport n'évoque pas le fait que le conducteur était seul à bord, "un dispositif pas compatible sur les lignes des zones rurales".

SUD-Rail a qualifié la direction d'"irresponsable" avec de premières décisions "très loin d'être à la hauteur des demandes des usagers, des revendications des cheminots et des problèmes de sécurité". "Croire que la modernité du matériel suffirait à compenser l'absence de contrôleur est un leurre", affirme-t-il.

La conduite à agent seul "est un système (...) qui mérite toujours d'être amélioré, mais en terme de sécurité c'est un système qui a fait ses preuves depuis des années", a pour sa part estimé la ministre de la Transition écologique Elisabeth Borne sur LCI.

Elle a également renvoyé à la publication attendue du "rapport du bureau d'enquêtes accidents dont on tirera toutes les conséquences", selon elle, en référence à l'enquête du Bureau d'enquêtes sur les accidents de transport terrestre (BEA-TT) diligentée à la demande du secrétaire d'Etat chargé des Transports.

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