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Three Mile Island: il y a 40 ans, l'accident qui a changé la sûreté nucléaire

Quarante ans après l'accident nucléaire de Three Mile Island aux Etats-Unis, la sûreté a évolué pour en tirer les enseignements: le rôle des opérateurs de centrales a été repensé tandis que la gestion des situations d'urgence a été mieux planifié.

"Cet accident a eu peu de conséquences sur les personnes et l'environnement, par contre il a eu des conséquences considérables sur les approches de sûreté des réacteurs", explique Jean-Christophe Niel, directeur général de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

Au petit matin du 28 mars 1979, le réacteur 2 de la centrale située en Pennsylvanie (est des Etats-Unis) connaît un simple incident d'exploitation, avec la défaillance de l'alimentation normale en eau des générateurs de vapeur.

Mais une succession de problèmes et de mauvaises décisions de la part des opérateurs -- qui ne disposaient pas des bonnes informations sur ce qui était en train de se passer -- aggravent la situation.

Au final, avec l'évacuation insuffisante de la chaleur du réacteur, près de la moitié du cœur a fondu et des éléments radioactifs ont été dispersés en petite quantité. Les dégâts internes ont été considérables mais les conséquences limitées sur les alentours.

"Une combinaison d'erreurs de la part des employés, de déficiences de conception et de défaillances de composants a causé l'accident de Three Mile Island", juge aujourd'hui l'Autorité de sûreté nucléaire (NRC) américaine.

L'accident a été classé au niveau 5 sur l'échelle internationale INES, qui en compte 7. Des années plus tard, les catastrophes de Tchernobyl (1986) et Fukushima (2011), bien plus graves, seront classés au niveau 7.

Bien que moins catastrophique, Three Mile Island (TMI) a cependant eu un retentissement considérable dans le monde de l'atome. "Paradoxalement il a probablement eu plus de conséquences en termes d'évolutions de sûreté sur les réacteurs que Tchernobyl, qui lui a plutôt eu des impacts sur la transparence, la gouvernance, l'indépendance, la culture de sûreté", souligne Jean-Christophe Niel.

- Facteurs humains -

La première leçon qui en a été tirée a concerné l'intérêt apporté aux facteurs humains, alors que la sûreté se concentrait auparavant essentiellement sur la conception des centrales.

"C'est à partir de TMI que l'accent a été mis beaucoup plus qu'avant sur le rôle de l'opérateur", souligne Thierry Charles, directeur général adjoint de l'IRSN.

Concrètement, ils ont été mieux formés et entraînés sur des simulateurs. Dans de nombreux pays, un poste d'ingénieur de sûreté a aussi été créé pour vérifier de manière indépendante la pertinence de l'action des opérateurs, notamment en cas d'accident.

Les salles de conduite, les "postes de pilotage" des centrales, ont aussi été modifiées, avec des tableaux de contrôle plus simples et des alarmes hiérarchisées.

Le deuxième gros changement a porté sur l'amélioration du retour d'expérience apporté par le fonctionnement des réacteurs.

Avant l'accident de Three Mile Island, plusieurs incidents de même nature mais beaucoup moins graves avaient eu lieu, par exemple à Beznau, en Suisse, en 1974. Mais à l'époque les informations n'étaient pas partagées systématiquement entre les opérateurs.

Aujourd'hui, les incidents sont répertoriés dans une base de données de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA).

Enfin, la troisième grosse amélioration a porté sur le traitement des situations d'urgence. A l'époque de l'accident, les autorités avaient une vision confuse des événements et de nombreux riverains paniqués ont évacué la zone de leur propre initiative.

Depuis, des plans d'urgence ont été développés -- par exemple les plans particuliers d'intervention (PPI) en France -- et des exercices de crise sont menés régulièrement.

Au-delà, les réacteurs de nouvelle génération comme l'EPR ont été conçus en prenant en compte une possible fusion du cœur du réacteur comme à TMI. "La conception des réacteurs de génération 3 vient de l'accident de Three Mile Island",observe Jean-Christophe Niel.

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