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Tout le monde content? Trump crie victoire après son face à face avec l'Europe... et l'Europe se félicite de la désescalade

Donald Trump a crié victoire jeudi devant les agriculteurs américains au lendemain de sa trêve dans les hostilités commerciales avec l'Europe, qui a pourtant suscité le scepticisme de Paris sur la concrétisation en actes des déclarations de bonnes intentions. "Nous venons d'ouvrir l'Europe pour vous, agriculteurs", a déclaré le président républicain au cours d'une visite d'une ferme dans l'Iowa.

Washington et Bruxelles ont désamorcé mercredi la crise née des tarifs douaniers imposés par les Etats-Unis, annonçant leur volonté de supprimer la quasi totalité des tarifs douaniers, ainsi qu'une série de décisions dans l'agriculture, l'industrie et l'énergie.

Si ces mesures doivent encore être formalisées, le secrétaire au Commerce Wilbur Ross y a vu "une justification réelle de la politique commerciale du président" américain contre les partenaires des Etats-Unis. "Nous avons eu une longue session de négociation hier (mercredi). Nous avons défini les contours d'un accord et, désormais, nous allons les transformer en un véritable accord", a assuré le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, sur CNBC, au lendemain d'une réunion entre le président américain et le chef de l'exécutif européen, Jean-Claude Juncker.


Réaction d'Emmanuel Macron

"Le contexte ne permet pas" une telle négociation, a rétorqué le président français Emmanuel Macron, depuis Madrid, soulignant qu'il attendait "des signaux de désescalade sur l'acier et l'aluminium auxquels des taxes illégales ont été appliquées par les Etats-Unis", comme "préalable à toute avancée concrète".

"Une bonne discussion commerciale (...) ne peut se faire que sur des bases équilibrées, réciproques et en aucun cas sous la menace", a ajouté le dirigeant français.


La réaction de l'Allemagne

La trêve annoncée mercredi a suscité des réactions contrastées. L'Allemagne, dont les excédents commerciaux records et l'industrie automobile sont dans le collimateur de la politique protectionniste du président américain, a jugé "constructif" le résultat de la rencontre Trump-Juncker.

"Non seulement la menace des tarifs douaniers automobiles est écartée, mais nous nous sommes également mis d'accord pour travailler ensemble contre les pratiques commerciales injustes et pour une réforme de l'OMC", Organisation mondiale du commerce, a en outre réagi le ministre allemand des Affaires étrangères, Heiko Maas.

En revanche, le ministre de l'Economie français, Bruno Le Maire, a estimé qu'"une bonne discussion commerciale ne peut se faire que sur des bases claires". Pas question, a-t-il rappelé, d'un accord commercial global Etats-Unis-UE, comme l'avait évoqué Steven Mnuchin le weekend dernier à la réunion du G20 Finances en Argentine. "Nous ne voulons pas entrer sur la négociation d'un grand accord dont nous avons vu les limites avec le TTIP", traité dont les discussions entre Bruxelles et l'administration de Barack Obama avaient échoué il y a deux ans, a prévenu le ministre français.

Alors que Donald Trump a annoncé que l'Union européenne allait importer "beaucoup de soja" américain, dont 94% de la production est génétiquement modifiée, Bruno Le Maire exige aussi que l'agriculture "reste en dehors du champ des discussions". "Nous avons des normes sanitaires, alimentaires et environnementales élevées et des règles de production auxquelles nous sommes attachés parce qu'elles garantissent la protection et la sécurité de nos consommateurs", a-t-il insisté.


Pas de calendrier précis pour les mesures

Alors que l'Union européenne est, depuis le 1er juin, sous le coup de taxes douanières punitives américaines de 25% sur l'acier et de 10% sur l'aluminium, Steven Mnuchin a reconnu que "le premier dossier" à régler était précisément celui concernant les taxes sur l'acier et l'aluminium et les représailles européennes qui ont suivi. Il n'a toutefois pas élaboré la manière dont les deux parties allaient s'y prendre. Il a également confirmé qu'il n'y aurait pas de taxes douanières sur le secteur automobile européen pendant les négociations.

La Maison Blanche avait chargé fin mai Wilbur Ross de déterminer l'opportunité d'imposer des taxes supplémentaires allant jusqu'à 25% sur l'automobile. Et "l'enquête est toujours en cours" pour les imposer aux pays hors UE, a indiqué Wilbur Ross.

Interrogé sur le calendrier des négociations avec l'UE, M. Ross a déclaré qu'il était "difficile de se prononcer". "Les discussions sur le commerce durent en général des mois", voire des années, a-t-il observé devant des journalistes. "Nous allons nous efforcer de les accélérer", a-t-il ajouté.


Des entreprises américaines ont perdu des centaines de millions de dollars

Le compromis annoncé mercredi est intervenu alors que de plus en plus d'entreprises américaines, à l'instar du fabricant d'électroménagers Whirlpool ou le premier constructeur automobile américain General Motors, ont enregistré des centaines de millions de dollars de coûts supplémentaires dans leurs comptes du deuxième trimestre en raison de la guerre commerciale.

Mardi, l'administration Trump avait aussi dû consentir à une aide d'urgence de 12 milliards de dollars pour compenser les pertes de revenus des agriculteurs.

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