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Trajectoire déviée d'Ariane 5: un problème de paramétrage pas détecté

Un mois après la déviation de trajectoire rencontrée par une fusée Ariane 5, une Commission d'enquête indépendante en a identifié la cause: il s'agit d'un problème de paramétrage qui n'a pas été détecté par les contrôles qualité, a annoncé vendredi Arianespace.

Deux satellites de télécommunications, embarqués à bord de la fusée, avaient été mis en orbite, mais pas au bon endroit.

"La cause de l'anomalie est parfaitement comprise et les recommandations clairement identifiées", déclare la société de services de lancement.

La Commission d'enquête indépendante mise en place au lendemain de l'incident a rendu jeudi ses conclusions. Pour elle, l'anomalie de trajectoire est "due à une mauvaise spécification d'un des paramètres de la mission du lanceur, qui n'a pas été détectée au cours des contrôles de qualité standard opérés dans la chaîne de préparation" du lancement, résume Arianespace.

Au lieu de décoller plein est vers l'Equateur, la fusée a décollé avec un angle de 20 degrés plus au sud, se rapprochant de la ville de Kourou.

Interrogée à ce propos mardi à l'Assemblée, la ministre de la Recherche Frédérique Vidal a répondu que la fusée Ariane 5 "n'a pas survolé Kourou même si la trajectoire s'en est approchée", ce qui a généré "une forte émotion". "Par ailleurs, le lanceur fonctionnait parfaitement et ne s'est jamais révélé dangereux pour les populations locales", a-t-elle assuré.

Les travaux de la Commission d'enquête, présidée par Toni Tolker-Nielsen, inspecteur général de l'Agence spatiale européenne (ESA), "ont mis en évidence la nécessité d'accroître la robustesse du contrôle de certaines données utilisées pour la préparation de la mission", souligne Arianespace.

La Commission recommande de renforcer le processus d'élaboration et de vérification des documents requis pour la préparation du lanceur et d'introduire des contrôles complémentaires.

Le constructeur ArianeGroup (coentreprise d'Airbus et Safran) et sa filiale Arianespace "mettent en oeuvre immédiatement les mesures correctives" préconisées par la Commission d'enquête, indique la société.

Appliquées à la préparation du prochain tir d'Ariane 5, elles permettent d'envisager une prochaine mission du lanceur lourd en mars 2018, dans la foulée d'une mission Soyouz.

Le 25 janvier, l'anomalie de trajectoire avait conduit la fusée Ariane 5 à placer sur une mauvaise orbite deux satellites de télécommunications, SES-14 pour l'opérateur luxembourgeois SES, et Al Yah 3 pour l'opérateur Yahsat des Emirats Arabes Unis.

Les deux satellites, qui sont en bonne santé, sont à présent en train de rejoindre leur position finale grâce à leurs propres systèmes de propulsion, précise Arianespace.

Fleuron de l'industrie spatiale européenne, Ariane 5 est réputée pour sa très grande fiabilité. C'est l'un de ses arguments commerciaux majeurs face à la concurrence croissante de l'américain SpaceX, qui propose des lanceurs moins chers.

Avant ce vol, le lanceur lourd européen avait enchaîné 82 succès d'affilée.

"Grâce à la mise en place de ces mesures correctives, la fiabilité d'Ariane 5, qui est exceptionnelle, sera encore renforcée", a déclaré Stéphane Israël, Président Exécutif d'Arianespace.

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