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Fusillade en Floride: retour angoissé au lycée pour les élèves et enseignants

Des élèves et enseignants sont revenus dimanche dans leur lycée en Floride pour la première fois depuis la fusillade qui y a fait 17 morts, se réconfortant mutuellement tout en continuant d'appeler les élus à prendre des mesures pour renforcer leur sécurité.

Dimanche, l'établissement a organisé une session dite "d'orientation", pour certains élèves et professeurs volontaires. L'ensemble du corps enseignant et le personnel administratif devaient y retourner lundi et mardi pour préparer la reprise des cours mercredi.

"Imaginez avoir survécu à un accident d'avion et devoir reprendre l'avion tous les jours", a indiqué à la chaîne ABC David Hogg, 17 ans, rescapé du carnage perpétré le 14 février dans le lycée Marjory Stoneman Douglas de Parkland.

Pour Delaney Tarr, une lycéenne qui a survécu à la fusillade, le retour sera difficile. "C'est inquiétant (...) et effrayant parce que je ne sais pas si je serai en sécurité, là-bas", a-t-elle dit sur Fox News, "mais je sais qu'il faut le faire".

Une enseignante déjà revenue au lycée a raconté à la radio publique NPR que le choc de voir sa salle de classe dans l'état exact où elle l'avait laissée pendant la fusillade, avec des cahiers ouverts sur les bureaux et le calendrier encore réglé à la date du 14 février, l'avait rendue tellement malade qu'elle s'était enfuie en courant.

Cameron Kasky, un élève qui a survécu au massacre, a néanmoins twitté une photo de personnes revenant sur le campus en commentant: "c'est BON D'ETRE DE RETOUR".

"Tous mes amis sont ici avec moi et cela me fait ressentir que je ne suis pas seule dans cette situation", a déclaré à ABC Michelle Dittmeier, une élève venue dimanche.

D'anciens élèves ont également manifesté leur soutien et installé des banderoles dans l'établissement, a rapporté la télévision WSVN.

Dans la ville voisine de Fort Lauderdale était organisée dimanche soir une veillée inter-religieuse, avec 17 chaises laissées vides en mémoire des victimes, selon WSVN. Parallèlement, une manifestation s'est déroulée devant l'usine du fabricant d'armes Kalachnikov USA à Pompano Beach.

"Réforme immédiate de la législation sur les armes!", était-il écrit sur une pancarte des manifestants. Une autre réclamait la fermeture de "l'usine de la mort".

Deux mobilisations sont prévues dans les prochaines semaines: tous les lycéens du pays sont appelés à se mobiliser le 14 mars en sortant de leur salle de classe pendant 17 minutes, une pour chaque mort de Parkland, avant un grand rassemblement prévu le 24 mars à Washington pour réclamer un contrôle plus strict sur les armes.

- Contrôles plus stricts -

Selon un sondage de CNN mené une semaine après la fusillade de Parkland, de plus en plus d'Américains sont favorables à une réglementation plus stricte sur les ventes d'armes et à l'interdiction des armes semi-automatiques du type de l'AR-15 utilisé par le tireur du lycée Nikolas Cruz, 19 ans.

Au total, 70% des personnes interrogées entre les 20 et 23 février se sont prononcées pour des contrôles plus stricts sur les ventes d'armes, contre 52% en octobre, peu après une fusillade à Las Vegas, la plus meurtrière de l'histoire américaine récente avec 58 morts.

En outre, ils sont maintenant 57% à se prononcer pour l'interdiction des armes semi-automatiques, contre 49% en octobre. La police avait trouvé dans la chambre d'hôtel du tueur de Las Vegas quatorze AR-15.

Le président Donald Trump s'est déclaré en faveur d'un relèvement de l'âge légal pour acheter certaines armes, évoquant même la possibilité, extrêmement controversée, d'autoriser le port d'armes pour certains enseignants.

Le gouverneur républicain de Floride Rick Scott, membre du puissant lobby américain des armes National Rifle Association (NRA), a proposé vendredi de positionner un policier dans chaque école publique de l'Etat.

Il s'est aussi prononcé pour un relèvement à 21 ans de l'âge légal pour acheter une arme et a promis de restreindre de façon draconienne l'accès aux armes à feu pour les personnes souffrant de problèmes mentaux, deux idées combattues par la NRA.

Interrogé dimanche sur Fox News, il a reconnu que "certains ne seront pas d'accord", ajoutant: "mais je veux que mon Etat soit en sécurité".

La NRA, elle, rejette la faute sur les élus et le shérif du comté pour son inaction. Sa porte-parole Dana Loesch a rappelé sur ABC que les autorités locales avaient été alertées à plusieurs reprises ces derniers mois du risque représenté par Cruz et qu'un policier censé protéger les élèves ce jour-là n'était pas intervenu pour l'arrêter.

Questionné à ce sujet sur CNN, le shérif Scott Israel a défendu ses collègues, soulignant que sur les 23 appels passés à ses services sur le comportement erratique ou menaçant de Cruz, quasiment tous avaient été traités correctement, mais d'autres font l'objet d'une enquête interne.

Interrogée sur la chaine C-Span, la présidente de la fédération américaine des enseignants Randi Weingarten a qualifié la proposition de M. Trump d'armer les enseignants de "très mauvaise idée, point final".

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