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USA: Walmart cesse de vendre des munitions, le débat sur les armes relancé

Sous pression après une fusillade meurtrière dans une de ses enseignes au Texas le mois dernier et face à la multiplication des tueries de masse aux Etats-Unis, le géant de la distribution Walmart a annoncé mardi mettre fin à la vente de munitions pour armes semi-automatiques.

Dans un communiqué, le patron du groupe, Doug McMillon, a qualifié "d'inacceptable" le statu quo sur l'encadrement des armes à feu et demandé au Congrès et à la Maison Blanche de prendre des mesures de "bon sens", notamment en renforçant la vérification des antécédents des acheteurs d'armes.

Cette décision intervient un mois après une fusillade dans un supermarché Walmart à El Paso, au Texas, qui avait coûté la vie à 22 personnes. Une autre fusillade a eu lieu samedi dernier dans cet Etat du sud du pays, dans la ville d'Odessa, avec un bilan de sept morts.

M. McMillon a précisé que Walmart, numéro un mondial de la grande distribution, arrêterait de vendre des munitions pour les fusils d'assaut semi-automatiques utilisant des munitions de calibre 5,56 (ou son équivalent .223), une fois que les stocks actuels seraient écoulés.

Ces armes de type AR-15 sont extrêmement répandues aux Etats-Unis où elles équipent aussi beaucoup de chasseurs, qui sont nombreux à s'équiper dans les magasins Walmart, réputés pour leurs prix bas et connus pour être des lieux de socialisation pour une partie de l'Amérique rurale.

Le patron du géant des supermarchés a indiqué que la part du groupe sur le marché américain des munitions, qui s'établit aujourd'hui à environ 20%, devrait chuter pour passer de 6 à 9%.

Walmart a également demandé à ses clients de s'abstenir de déambuler dans ses enseignes avec des armes à feu à la vue de tous, dans les Etats où il est autorisé de les porter de manière visible.

- Réactions -

La NRA, le puissant lobby pro-armes, a réagi à la décision du groupe en disant regretter que Walmart "succombe à la pression des élites anti-armes".

"Les files d'attente à Walmart seront bientôt remplacées par des files d'attente dans d'autres magasins, qui soutiennent plus activement les libertés fondamentales américaines", a tweeté la NRA.

Plusieurs candidats démocrates à la présidentielle de 2020 ont en revanche apporté leur soutien aux nouvelles mesures tout en appelant à aller plus loin.

Joe Biden, favori des sondages, et l'élu texan Beto O'Rourke ont notamment plaidé pour une loi permettant la vérification des antécédents pour l'ensemble des citoyens. La sénatrice Elizabeth Warren a elle affirmé que Walmart "peut et doit en faire plus."

De son côté, le président Donald Trump, compagnon de longue date de la NRA, mais qui s'était dit favorable à des réformes de "bon sens" début août, n'avait, pour l'heure, pas réagi.

Après chaque fusillade de masse aux Etats-Unis, le lobby pro-armes pèse de son poids politique et financier pour enterrer toute initiative visant à limiter l'accès aux armes individuelles.

- Des précédents -

Plus gros employeur privé des Etats-Unis avec 1,5 million de salariés revendiqués sur le territoire américain et l'un des principaux vendeurs d'armes du pays, Walmart avait déjà pris des mesures pour limiter l'achat d'armes à feu avant l'annonce de mardi.

Après le carnage dans le lycée de Parkland, en Floride, qui avait fait 17 morts en février 2018, le groupe avait décidé, tout comme l'enseigne de distribution sportive Dick's Sporting Goods et le géant des supermarchés Kroger, de relever à 21 ans l'âge d'achat des armes.

Walmart avait en outre arrêté de vendre des fusils d'assaut dès 2015.

Dans la foulée de sa prise de position mardi, le géant des supermarchés Kroger a demandé officiellement à ses clients de ne plus porter ouvertement d'armes à feu dans les magasins.

Dans un communiqué, le groupe demande aussi que les élus adoptent des mesures de vérification des antécédents avant de pouvoir acheter une arme. Il y a un an, la chaîne avait déjà banni les armes à feu de ses rayons dans ses magasins du nord-ouest du pays.

Après la tuerie de Parkland, les loueurs de voitures Hertz et Enterprise (Alamo, National), les assureurs Metlife et Chubb ou encore la société de sécurité informatique Symantec avaient officiellement mis fin aux avantages consentis aux plus de 5 millions de membres de la NRA.

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