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Vendée Globe: des skippers touchés mais pas coulés

Incendie dévastateur, sponsors qui lâchent, déconvenues, crise du Covid-19, des mois sans salaire: les petits budgets du Vendée Globe accusent les coups mais ne renoncent en rien à leur rêve.

"C'est au-delà d'un rêve, c'est un projet professionnel. J'ai une chance incroyable: je ne sais pas d'où elle me vient, mais ça ne me fait jamais peur de m'engager dans des projets monstrueux. C'est exceptionnel de vivre sa vie comme ça", lance à l'AFP Alexia Barrier (TSE - 4MYPLANET), qui n'a pourtant pas bouclé son budget à trois semaines du départ.

"Si je voulais pouvoir me payer et payer normalement les gens qui travaillent avec moi, il faudrait qu'on soit à 800.000 euros par an. Et là on est à 500.000 à peu près. Les deux années précédentes, on a fonctionné avec 200.000 euros maximum, on s'est endetté".

Depuis fin 2017, Alexia Barrier se consacre à son premier Vendée Globe. Sollicitée alors par un gros sponsor qui entendait se lancer dans la construction d'un bateau neuf nouvelle génération, elle a travaillé pendant 6 mois pour leur présenter un projet.

"Ce sponsor m'a lâchée du jour au lendemain, on avait tellement bossé... Intellectuellement, je ne pouvais plus faire marche arrière", raconte la Sudiste, qui a pris contact avec 3 personnes pouvant lui prêter de l'argent.

- financement participatif -

Elle a alors acheté pour 300.000 euros un Imoca - les monocoques-stars du Vendée Globe (18 mètres/60 pieds) -, un bateau de 1998 ayant déjà six tours du monde à son actif. Elle a lancé un financement participatif pour les frais de fonctionnement et continue sa quête de partenaires.

"On a eu des déconvenues. Juste avant le Covid, on a vraiment cru signer un partenariat-titre à 1 million mais avec le Covid, ça ne s'est pas fait", dit la skipper, qui, faute de trésorerie suffisante, n'a fait aucune course préparatoire au tour du monde en solitaire.

"Si tu attends que tout soit parfait pour démarrer un projet, tu ne fais jamais rien!", relativise-t-elle.

Clément Giraud (Compagnie du Lit/Jiliti) a su, lui aussi, prendre du recul.

Le Toulonnais a lancé son projet il y a 4 ans, autour d'une table avec plusieurs amis. Ils achètent un bateau début 2018. Les courses s'enchaînent avec bonheur puis vient la Transat Jacques Vabre en octobre 2019.

"Cinq jours avant le départ, le bateau subit un incendie. Voilà. Plus de bateau", explique Giraud. Avant de poursuivre: "un mois après l'incendie, le sponsor a dit stop, il y a eu une perte de confiance".

"Tu n'as pas envie de lâcher. Tu cherches des solutions, tu tournevires, tu dors mal la nuit, tu te réveilles tôt. Et puis c'est la rencontre avec Erik (Nigon)".

- bénévolat -

Le navigateur Erik Nigon propose son Imoca à Giraud. "On n'avait plus de bateau, plus de sponsor, et là on repart de zéro mais en ayant une histoire", relève Giraud, tellement heureux de rester dans le jeu.

Avec ses fidèles compères, il lance une campagne de financement participatif. "On a ratissé partout, on nous a prêté un peu d'argent. On n'a pas été payé depuis l'incendie. On a tous continué à tenir, tous bénévoles".

Et début septembre, à deux mois du départ, comme un cadeau, deux sponsors-titres entrent dans la danse. Pour le quadragénaire, même s'il manque encore un peu d'argent, la victoire est déjà là. "Je n'ai jamais autant grandi que ces 3, 4 dernières années", souffle-t-il.

Entré il y a seulement 5 ans dans le monde de la course au large, Benjamin Dutreux (OMIA - Water Family), à la tête d'un chantier naval, s'est projeté il y a 3 ans sur le Vendée Globe. Son entreprise investit dans l'achat d'un Imoca datant de 2007. Reste le budget de fonctionnement.

"Après la Transat Jacques Vabre (fin 2019), on a trouvé un nouveau sponsor qui entrait à hauteur de 40%, sauf qu'il y a eu le Covid donc on l'a perdu aussi vite qu'il est arrivé, c'était un groupe hôtelier", souligne le marin de 30 ans.

En août, Omia rejoint le projet à hauteur de 30%. "On s'estime vraiment heureux et chanceux d'être là", insiste Dutreux, qui cherche toujours les 10% manquant à son budget.

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