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Veolia se désengage de Transdev, au profit de l'allemand Rethmann

Le groupe Veolia a annoncé mardi son désengagement de l'opérateur français de transports publics Transdev, en cédant les 30% qu'il détenait encore à l'allemand Rethmann pour 340 millions d'euros.

En complément de cette opération, Rethmann apportera à Transdev ses activités de transports publics en Allemagne contre 4% du capital, ce qui augmentera sa participation à 34%.

L'autre actionnaire de Transdev, la Caisse des dépôts, conservera 66% du capital et 67% des droits de vote du groupe de transports publics.

"Cette opération marquera pour Veolia la fin de son processus de désengagement de l'activité transport" entamé après la cession de 20% à la Caisse des dépôts en décembre 2016, a indiqué dans un bref communiqué le numéro un mondial de la gestion de l'eau et des déchets.

"Nous avons décidé de rester à long terme l'actionnaire majoritaire du groupe Transdev", a répondu le directeur général de la Caisse des dépôts, Eric Lombard, lors d'une conférence téléphonique.

"C'est une décision importante (...) qui est confortée par l'enrichissement que va apporter à ce partenariat le groupe Rethmann", a-t-il ajouté. "Rethmann est un groupe allemand familial qui partage les mêmes valeurs de long terme et d'intérêt général que la Caisse des dépôts", a-t-il insisté.

Rethmann, également spécialiste de la gestion de l'eau et des déchets, est présent dans la logistique et les transports publics. La société fondée en 1934 affiche un chiffre d'affaires de 14,4 milliards d'euros et emploie 72.000 personnes.

"Transdev est un groupe qui se développe, qui innove. Le partenariat avec Rethmann va permettre d'accélérer ce développement, et également d'augmenter la présence de Transdev en Allemagne", a remarqué M. Lombard.

Rhenus Veniro, la branche de transports publics de Rethmann qui doit être cédée à Transdev, exploite en Allemagne trois lignes de trains, des bus et le réseau urbain de la ville de Zwickau (est). Elle représente un chiffre d'affaires de 130 millions d'euros.

"Avec cet apport, Transdev va passer le cap du milliard de chiffre d'affaires en Allemagne, pays dans lequel nous avons de très, très fortes ambitions", a relevé son PDG Thierry Mallet, lors de la conférence téléphonique.

- "Synergies commerciales" -

Le dirigeant voit également "des synergies commerciales" avec Rethmann, notamment en République tchèque, en Slovaquie et en Pologne, ainsi qu'en Suède, aux Pays-Bas et en Australie.

"Maintenant qu'on a deux actionnaires de référence engagés à 100% dans le développement de Transdev, nous allons foncer", a ajouté M. Mallet lors d'une conférence de presse à Paris.

Thierry Mallet a souligné que la mobilité durable était "une priorité" pour Transdev, avec un accent qui sera mis sur les bus électriques. Il prévoit cette année "plus de 7 milliards de chiffre d'affaires".

Il n'y aura toutefois "pas de changement au niveau du management et de l'organisation de Transdev", a-t-il noté.

La finalisation de l'opération est attendue d'ici la fin de l'année.

Transdev est issu de la fusion dans la douleur, en 2011, de l'ancien Transdev, filiale de la Caisse des dépôts, et de Veolia Transports, alors filiale de Veolia Environnement (devenu depuis Veolia).

Cette fusion a été qualifiée d'"échec économique et financier à court terme" par la Cour des comptes en 2016, l'opération ayant été selon elle "décidée précipitamment, insuffisamment étudiée et conduite de manière déficiente".

Baptisée Veolia Transdev, la société était détenue à parité par les deux groupes. Elle a été renommée simplement Transdev en mars 2013. Puis Veolia a cédé 20% de sa participation à la Caisse des dépôts en décembre 2016, avec l'intention de se désengager totalement.

Redressé par Jean-Marc Janaillac puis par Thierry Mallet, Transdev a réalisé en 2017 un bénéfice net de 76 millions d'euros, sur un chiffre d'affaires de 6,64 milliards, dont 39% ont été réalisés en France.

Présent dans 20 pays et employant 82.000 personnes, le groupe exploite de nombreux réseaux de transport urbain, et notamment les tramways de Grenoble, Le Havre, Montpellier, Mulhouse, Nantes, Rouen et Saint-Etienne, mais aussi ceux de La Nouvelle-Orléans (Etats-Unis), de Barcelone (Espagne) ou de Rabat, ainsi que les autocars Isilines. La société, qui vient de gagner le réseau de Nîmes, fait aussi circuler des trains de voyageurs dans six pays, et veut se lancer sur ce créneau en France face à la SNCF.

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