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Violence contre les femmes: une campagne d'affichage à Béziers suscite la polémique

Le maire de Béziers Robert Ménard (extrême droite) a lancé lundi dans sa ville une campagne d'affichage en faveur du TGV, dont le caractère déplacé et violent à l'égard notamment des femmes a suscité une vive polémique et l'ouverture d'une enquête.

Dans un communiqué publié lundi soir, le procureur de Béziers Yvon Calvet a annoncé avoir ouvert une enquête pour recenser d'éventuelles "infractions".

L'ancienne ministre des Droits des Femmes Laurence Rossignol (PS) et les Jeunes Insoumis ont porté plainte. "L'indignation est indispensable mais il faut aussi agir: j'ai déposé plainte (...) pour demander le retrait des affiches ainsi que des poursuites contre les auteurs", a tweeté l'ancienne ministre.

La secrétaire d'Etat chargée de l'Egalité entre les hommes et les femmes, Marlene Schiappa, a demandé au préfet de l'Hérault d'étudier tous les recours possibles, dénonçant une "campagne une fois de plus odieuse".

"Les humilier, elles, pour faire parler de lui. Robert Ménard repousse les limites de l'ignoble. #NeRienLaisserPasser", a renchéri le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux.

- 'Recherche du buzz' -

L'une de ces affiches montre une femme ligotée sur des rails, hurlant à l'approche d'une locomotive à vapeur en arrière plan, assortie du commentaire en lettres capitales: "Avec le TGV, elle aurait moins souffert!".

"Elle s'appelait Emilie, elle avait 34 ans et 4 enfants. En juin 2017, son mari l'a assassinée en l'attachant sur les rails du TGV. L'ignoble Robert Ménard la tue une 2e fois. Je demande retrait immédiat + poursuites", avait tweeté dans la matinée Mme Rossignol.

Elle faisait référence à un fait divers survenu en juin 2017 en Eure-et-Loir : une femme ligotée sur la ligne LGV Atlantique avait été tuée au passage d'un TGV alors que son époux, soupçonné de l'avoir attachée, s'était suicidé.

Le préfet de l'Hérault, Pierre Pouëssel, a dénoncé "une campagne d'affichage marquée au sceau de la vulgarité". M. Ménard "se sert du corps de la femme pour faire passer des messages populistes et la met en scène en victime de violences".

"La recherche du buzz à tout prix vous fait tomber dans l'outrance la plus abjecte. Elle ne peut que desservir le combat que l'ensemble des élus de la Région mène pour les . Retirez cette communication !", a lancé la présidente PS de la région Occitanie, Carole Delga.

Cette affiche est "de très mauvais goût", a estimé une source proche du Front national, qui avait soutenu M. Ménard aux municipales de 2014. "C'est du Ménard: +je fais n'importe quoi pour faire parler de moi+".

Le porte-parole du PS Sébastien Denaja en a appelé à Mme Schiappa "pour que des poursuites judiciaires soient engagées sans délai contre l'odieuse campagne" de M. Ménard, tandis que le Parti communiste demandait la "révocation" du maire.

"C'est de l'humour. Dans ce cas, il faut interdire Charlie Hebdo et brûler les revues Hara-Kiri", a réagi auprès de l'AFP Robert Ménard, affirmant que l'affiche "fait référence à l'univers du western".

Sur Twitter le maire de Béziers a dénoncé des réactions "outrées et paranoïaques", qui "en disent long sur l'ordre moral qui plombe le pays".

D'autres affiches sur le même thème ont été placardées dans la ville, a constaté un correspondant de l'AFP, dont l'une avec le slogan: "Alors t'accouches!". On y voit un obstétricien qui tient dans ses mains une motrice de TGV avec en premier plan les jambes écartées d'une femme qui accouche.

En septembre, M. Ménard avait déjà suscité la polémique avec une affiche utilisant la rhétorique des violences conjugales sur laquelle on pouvait lire: "L'État étrangle nos communes".

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