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Vivarte poursuit son démantèlement, les magasins de chaussures San Marina en vente

Vivarte, propriétaire des marques La Halle, Caroll et Minelli, a annoncé mardi des "négociations exclusives" pour céder ses 230 magasins de chaussures San Marina aux entrepreneurs Thierry Le Guénic et Stéphane Collaert, après leur avoir cédé en mars les vêtements Chevignon et en août ses 75 magasins de chaussures Cosmoparis.

La cession actuellement négociée prévoit la reprise de l'ensemble du personnel et des 218 points de vente en France de San Marina ainsi que des 12 magasins à l'étranger et du site web, selon le communiqué. La filiale SMC Services, basée à Aubagne (Bouches-du-Rhône), serait racheté par Log'S, qui avait déjà repris la plateforme logistique de Chevignon, Kookaï et Naf Naf.

San Marina disposerait ainsi des "moyens financiers et humains nécessaires à la poursuite de son repositionnement stratégique", précise le communiqué.

Au printemps, les acquéreurs potentiels, Thierry Le Guénic et Stéphane Collaert, avaient par ailleurs acheté au groupe Triana la marque de lingerie Maison Lejaby et les maillots de bain Rasurel .

De son côté, Patrick Puy, président de Vivarte depuis 3 ans, veut poursuivre "le recentrage de ses activités et de ses moyens" sur ses trois marques, La Halle, Caroll et Minelli, précédemment mise en vente sans recueillir d'offre satisfaisante.

Vivarte, qui comptait encore il y a trois ans une dizaine d'enseignes (Chevignon, André, Naf Naf, Kookaï, Pataugas...) ne pourra pas honorer son échéance de remboursement d'octobre, avait averti M. Puy, dans un entretien au journal Les Echos du 12 juillet, en évoquant l'activation d'un mécanisme de transfert de propriété à ses créanciers.

Les syndicats avaient alors déploré une "vraie catastrophe" pour les 10.000 collaborateurs revendiqués par le groupe, risquant de conduire au démantèlement de Vivarte à court terme, M. Puy estimant au contraire que ce serait sans conséquence sur le plan social.

Le calendrier prévisionnel donné en juillet par le dirigeant à l'AFP prévoyait que ce mécanisme soit adopté à la fin de l'été, permettant de désendetter Vivarte, mais une porte-parole a précisé mardi à l'AFP que le "processus juridique" était toujours en cours.

Vivarte avait réduit ses pertes de 305 à 122 millions d'euros, sur un chiffre d'affaires de 1,4 milliard d'euros, pour l'année 2017-2018 terminée en août, mais la "crise des "gilets jaunes" lui a ensuite fait perdre "30 millions d'euros de chiffre d'affaires et 15 millions d'euros de marges", selon M. Puy.

Fondée en 1981, San Marina avait réalisé 110 millions d'euros de chiffre d'affaires 2018. L'annonce de sa vente a fait réagir les syndicalistes, inquiets des conséquences pour ses quelque 800 emplois.

Jean-Louis Alfred, délégué CFDT, "craint qu'ils opèrent comme pour Chevignon et Cosmoparis (...) Vivarte fait un gros chèque à un repreneur, qui les mettra en faillite un an, voire un an et demi plus tard, avec des salariés qui perdront leur emploi et se retrouveront à la rue avec le minimum légal".

"Cela permet à Vivarte de se désengager et d'éviter le coût d'un PSE (plan de sauvegarde de l'emploi, NDLR) ou d'une restructuration", a-t-il estimé auprès de l'AFP.

Pour son collègue de la CGT, Karim Cheboub, Patrick "Puy poursuit son démantèlement méthodique de tout le groupe, ce qui est la feuille de route des actionnaires", avec selon lui une "même stratégie", celle de "céder la totalité du groupe en 2021".

"On continue de démanteler un groupe fleuron de la chaussure et de supprimer des emplois: on en a juste marre", s'est insurgé pour sa part Gérald Gautier (FO).

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