Accueil Actu

Volvo Ocean Race: Hong Kong hisse haut sa tradition nautique

La venue à Hong Kong, pour la première fois, de la prestigieuse Volvo Ocean Race à la voile permet à l'ex-colonie britannique de se refaire une image à l'international en mettant enfin à l'honneur sa solide culture maritime.

On l'ignore à l'étranger, mais la métropole financière hérissée d'étincelants gratte-ciel a aussi reçu en legs de la colonisation britannique (1841-1997) une tradition nautique solidement arrimée.

Et on aurait pu voir un paradoxe dans le fait qu'en 44 ans d'existence, la plus emblématique des courses au large par équipage, qui s'était déjà arrêtée en Asie à Cochin (Inde), Singapour ou Sanya (Chine), n'avait jamais fait relâche à Hong Kong, pourtant une des villes les plus voileuses du continent.

"Ce n'est qu'un des nombreux paradoxes de Hong Kong", corrige David Robinson, propriétaire du trimestriel "Fragrant Harbour" (ou "Port aux Parfums", la signification même du nom Hong Kong).

"Les gens voient Hong Kong comme un centre financier et ne se rendent pas compte que la ville doit d'abord sa prospérité à son port", déplore-t-il en dénonçant une "cécité maritime" des autorités depuis le départ des Britanniques en 1997.

- Pas qu'un paradis du shopping -

A l'exception de la China Sea Race organisée depuis 1962 entre Hong Kong et Manille, l'ex-colonie n'avait jamais inscrit son nom sur le calendrier des courses au large, en dépit d'une baie spectaculaire.

"Comme pour les jeux Olympiques, il faut pour accueillir la Volvo une volonté du gouvernement, des fédérations sportives et des organisateurs, résume Robert Stoneley, commodore du Royal Hong Kong Yacht Club. Pour cette édition, tout était réuni."

La Volvo, via les 5e et 6 étapes, entre dans le cadre des festivités des 20 ans de la rétrocession de l'ex-colonie à la Chine.

Mais cet investissement de 25 millions de dollars hongkongais (2,5 millions d'euros) s'inscrit surtout dans une stratégie de diversification de l'offre touristique locale.

Car Hong Kong, qui n'a longtemps compté que sur ses centres commerciaux clinquants pour appâter les touristes chinois, a été confronté entre 2014 et 2016 à une érosion de ses revenus, de plus en plus de visiteurs de Chine continentale allant voir ailleurs.

"Le gouvernement tente de revoir son offre pour que Hong Kong ne soit plus seulement le paradis du shopping, en insistant sur ses richesses en termes de patrimoine et de culture", explique Mariana Kou, analyste à la société de courtage CLSA.

"L'intérêt de la Volvo est l'image de marque. Le but est de donner de Hong Kong l'image d'une ville sympa et diverse", en associant son nom aux autres villes-étapes, poursuit-elle.

- 'Avoir des équipes au départ' -

"On touche le public international, et pas seulement celui de Chine continentale", explique-t-elle.

La Volvo Ocean Race, elle, n'a pas eu besoin de Hong Kong pour pénétrer le marché chinois.

Depuis sa première escale à Qingdao (nord-est) en 2009, la course est toujours revenue en Chine. Certains y voient des raisons "politiques", puisque Volvo a été vendu en 2010 par Ford au constructeur chinois Geely. La flotte s'en ira d'ailleurs jeudi à Canton pour une petite étape au moteur.

Le tour du monde de la Volvo compte quelques escales quasi obligées, selon son directeur technique Nick Bice. Ainsi Le Cap quand on bascule de l'Atlantique à l'Indien ou encore Auckland avant de cingler vers le Cap Horn.

"Les autres arrêts visent à satisfaire les besoins et les volontés des parties prenantes", explique l'Australien.

"Si une ville est liée à une équipe, il y a de bonnes chances pour que nous y allions parce que pour nous, le plus important est d'avoir des équipes sur la ligne de départ."

Cette année, la flotte compte à nouveau Dongfeng, bateau du constructeur chinois éponyme, et -pour la première fois- un voilier hongkongais, Team Sun Hung Kai/Scallywag qui, cerise sur le gâteau hongkongais, a eu le bon goût d'arriver premier à Hong Kong le 20 janvier, défiant tous les pronostics.

La victoire a été endeuillée par le décès d'un pêcheur chinois à la suite d'une collision encore largement inexpliquée entre un autre concurrent, Vestas 11th Hour Racing, et un bateau qui a coulé à 30 milles (48 km) au large.

À lire aussi

Sélectionné pour vous