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Vosges: marcher pieds nus, quel pied !

Quel pied! Denis Duchêne a aménagé un sentier de randonnée à travers la forêt, dans un parc de huit hectares à La-Chapelle-aux-Bois (Vosges), à parcourir déchaussé pour retrouver des sensations sur la voûte plantaire et se reconnecter à la nature.

"En marchant pieds nus, on active toutes les terminaisons nerveuses qu'on a sur la voûte plantaire, ce qui donne des sensations de bien-être", raconte Denis Duchêne, 58 ans, fondateur de la Ferme aventures.

Le premier contact avec les gravillons sur le chemin qui mène des casiers, où les visiteurs déposent leurs chaussures, au départ du sentier semble le contredire, tellement la sensation est désagréable.

"On est plus ou moins sensibles des pieds, surtout ceux qui n'ont pas l'habitude de marcher pieds nus", poursuit celui qui se déplace sans souliers tout le temps, en ville comme à la campagne. Sauf l'hiver: "Je suis frileux!", reconnaît-il.

Tout de jean vêtu, chapeau de cow-boy sur la tête, il a importé d'Allemagne le concept de la randonnée pieds nus en 2005.

Il a aménagé un sentier de 2 km serpentant dans une forêt de hêtres, chênes, sapins, frênes et autres essences faisant appel au toucher... avec les pieds.

Le chemin de randonnée débute par une passerelle traversant une mare avec nénuphars et carpes. Les pieds, immergés jusqu'au-dessus de la cheville, se posent sur des lattes de bois que la mousse a rendu aussi douces que glissantes.

Plus loin, le promeneur s'enfonce dans la glaise, pour le plus grand plaisir des enfants.

"C'est bien d'avoir les pieds dégoûtants", dit avec espièglerie Alban, un Jurassien de 7 ans. En vacances dans les Vosges avec ses parents et ses deux soeurs, il a aussi apprécié le contact "tout doux" de ses talons avec le cul de plusieurs dizaines de bouteilles en verre enfoncées dans le sol.

Le cheminement dans la boue, Liliane, 66 ans, venue de Saint-Dié (Vosges) avec son époux, Gérard, et leurs trois petits-enfants âgés de 4 et 11 ans, a préféré le contourner. "Ca sent mauvais! Mais ça amuse les enfants, c'est ce qui les attire le plus", constate-t-elle en désignant leurs pieds tout noirs.

Marcher déchaussée lui a rappelé quand elle courait enfant "surtout dans l'herbe". "C'est plus difficile pour les adultes que pour les enfants. J'allais beaucoup moins vite qu'eux", remarque Gérard. Les adultes marchent rarement pieds nus, observe-t-il.

- Sentiment de liberté -

Tone, une Norvégienne de 36 ans, n'a pas esquissé la moindre grimace d'inconfort sur les 2 km du chemin. "J'ai l'habitude d'être pieds nus", explique-t-elle.

"Il y a des passages qu'elle n'a pas ressenti comme douloureux ou désagréables alors que moi, si. Mais je ne marche pas pieds nus souvent", souligne son amie Isabelle, la trentaine.

Le sentier est jalonné de passages thématiques avec branches de sapins, écorces, pommes de pin, sciures de bois, tôle ondulée, billes d’argile, ardoise, galets, verre... "pour ressentir les perceptions différentes que l'on peut avoir", indique M. Duchêne. "On n'a pas l'épreuve du feu", sourit-il.

"On a des sensations dans les pieds. Ca ferait du bien de marcher pieds nus plus souvent", estime Lucas, le compagnon de Tone.

Leur fils, Eliam, 2 ans et demi, crapahute sans appréhension des rochers aux galets et semble s'amuser de poser ses petits pieds dans un casier rempli de bouts de verre multicolores polis, donc inoffensifs.

"En temps normal, on aurait déjà demandé aux enfants de remettre leurs chaussures depuis longtemps", sourit Isabelle.

Le parc, où les chaussures restent autorisées, a été conçu pour favoriser "l'éveil à l’environnement et la nature, la découverte de la forêt et des différentes essences d'arbres", précise son fondateur.

Cette expérience, orteils à l'air, a permis à Lucas d'avoir "un autre aspect de la randonnée. On prend plus de temps. On fait attention où on met les pieds, on marche plus doucement, on regarde la nature et le sol", dit-il.

"C'est clairement un moment de liberté!", s'enthousiasme-t-il.

Sentiment partagé par Liliane: "J'imagine alors ce que doivent ressentir ceux qui vivent nus!", s'esclaffe-t-elle.

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