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Wall Street peu émue par les manoeuvres de Donald Trump

La guérilla judiciaire sans précédent lancée par Donald Trump pour contester le résultat de l'élection présidentielle laisse indifférents les marchés, qui y voient davantage une manoeuvre pour renforcer la marque Trump et préparer le coup d'après qu'un refus de quitter la Maison Blanche.

Depuis l'annonce de la victoire du démocrate Joe Biden samedi, le président refuse de reconnaître sa défaite.

Il multiplie les recours en justice pour dénoncer des fraudes supposées dans le processus électoral et esquive toute coopération avec le camp opposé pour faciliter une transition vers une autre administration.

Jusqu'à présent la Bourse de New York a plutôt fêté le résultat de l'élection, moins pour saluer la venue d'un démocrate au pouvoir que pour se réjouir de la fin de l'incertitude électorale. Sur l'ensemble de la semaine, l'indice financier vedette Dow Jones a gagné plus de 4%.

Mais si la plupart des investisseurs estiment qu'il y a une très faible probabilité que le locataire de la Maison Blanche soit en mesure de créer une crise constitutionnelle, certains s'inquiètent de la tournure que peut prendre pour les marchés cette obstruction systématique.

"Ce comportement pourrait non seulement entraver une transition en douceur mais mettre en danger la sécurité nationale et, alors que la confrontation tourne aux manoeuvres judiciaires, les marchés pourraient brusquement adopter une position de retrait" et faire chuter les indices, a récemment affirmé Boris Schlossberg, de la firme d'investissement BK Asset Management.

Pour Karl Haeling, stratège en chef de LBBW, ces gesticulations pourraient influencer le marché "mais à très court terme". "Les investisseurs pensent d'une façon générale que Trump ne réussira pas à rester président", estime l'expert.

- Garder sa base motivée -

"Il sait qu'il ne pourra pas gagner mais il continue afin d'avoir autant d'influence que possible sur le pays lorsqu'il quittera ses fonctions", poursuit l'économiste, rapportant des informations selon lesquelles Donald Trump chercherait par exemple à créer sa propre chaîne de télévision.

"Il s'agit de garder sa base aussi motivée que possible et d'essayer de contrôler le parti républicain grâce à sa popularité", diagnostique encore l'investisseur.

La date butoir de ces manoeuvres semble être le 14 décembre lorsque les membres du collège électoral devront voter et certifier les résultats officiels. "Trump est motivé pour jouer ce jeu jusqu'au vote du collège électoral", assure M. Haeling.

La presse américaine, citant des sources anonymes, indique que le milliardaire explore différentes options, dont le lancement d'un service de streaming beaucoup moins coûteux qu'une chaîne de télévision.

Il pourrait le positionner comme concurrent direct de Fox et de ses plateformes, qui sont les chaînes de télévision préférées des conservateurs aux Etats-Unis.

Pour Maris Ogg, gestionnaire de portefeuille chez Tower Bridge Advisors, les recours en justice du camp Trump "ne semblent pas vraiment sérieux". "Il n'y a pas de coordination dans leurs procédures ni de preuves présentées qui pourraient capter l'attention des tribunaux", estime Mme Ogg.

"Je crois que Trump continue simplement de bâtir sa marque", assure-t-elle.

La réticence du président à permettre une transition sereine ne devrait guère gêner l'ancien vice-président démocrate. "Joe Biden a une très longue expérience politique et à un haut niveau du gouvernement: à mon avis, s'il a besoin de savoir quelque chose d'important, quelqu'un lui donnera un coup de fil pour le lui dire", affirme-t-elle.

Au bout du compte, jusqu'à la mi-décembre, ce sont moins les embûches contre l'administration à venir qui peuvent secouer les marchés qu'une série de décrets intempestifs de la part du Bureau Ovale, relève encore Karl Haeling. "Je pense que Trump va signer de nombreux décrets jusqu'à ce qu'il quitte ses fonctions", prévient l'économiste pour qui le premier risque pour les marchés financiers reste l'évolution de la pandémie de Covid-19.

M. Trump a par exemple décidé jeudi d'interdire, par décret, aux Américains d'investir dans une trentaine d'entreprises chinoises liées aux activités militaires à compter du 11 janvier prochain.

Il a également demandé aux investisseurs possédant des intérêts financiers dans ces mêmes sociétés, dont certaines sont cotées à Wall Street et à Hong Kong, d'en sortir d'ici novembre 2021.

  1. Nasdaq

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