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France: le scénario d'une croissance à 1,5% en 2016 enterré par le gouvernement

Une hausse de 1,3%, au lieu du 1,5% espéré? Le gouvernement a reconnu mercredi que son scénario de croissance pour 2016 serait difficile à atteindre, au vu des dernières prévisions de la Banque de France et de Bruxelles, tout en assurant que son objectif de réduction du déficit serait tenu.

"Il est possible que la croissance en 2016 soit légèrement plus faible que prévu", avait reconnu le gouvernement la semaine dernière lors du Conseil des ministres.

Interrogé lors d'une rencontre avec la presse, le ministre de l'Economie et des finances Michel Sapin est allé plus loin mercredi, en admettant que l'objectif de 1,5% serait "difficile à atteindre".

"On sera quelque part entre 1,3 et 1,5%", a estimé le ministre, sans toutefois donner à ce stade de chiffre définitif. "Entre 1,3 et 1,5, c'est 1,4%, mais on verra quel est le choix que nous ferons, dans le dialogue avec les diverses institutions concernées."

Ces déclarations font suite à la publication d'une série d'indicateurs et de prévisions peu compatibles avec une hypothèse d'une envolée de la croissance, pourtant indispensable pour combler le retard pris lors des trimestres précédents.

Selon une première estimation publiée mercredi par la Banque de France, qui se base sur une enquête de conjoncture menée auprès des entreprises, la progression du produit intérieur brut (PIB) devrait ainsi s'élever à 0,4% au quatrième trimestre.

L'activité, d'après les chefs d'entreprises, s'est ainsi améliorée en octobre, aussi bien dans l'industrie et les services que dans le bâtiment. Mais la croissance, notamment dans le secteur industriel, est restée "modérée", souligne l'institution monétaire.

Or selon plusieurs économistes, seul un chiffre de 1,6% de croissance au quatrième trimestre permettrait d'atteindre les 1,5% prévus par le gouvernement. Un résultat hors de portée de Paris, au vu des fondamentaux de l'économie française mais aussi du contexte international.

"Les dés sont jetés", assure ainsi à l'AFP Ludovic Subran, chef économiste chez Euler Hermes, pour qui les mauvais résultats enregistrés par l'économie française aux deuxième et troisième trimestre rendaient de toutes façons "impossible" d'atteindre le cap des 1,5%.

- L'incertitude Donald Trump -

"Il y a énormément d'incertitudes", ajoute par ailleurs l'économiste, qui estime que l'élection de Donald Trump complique un peu plus la donne. "Cela crée de l'incertitude principalement pour les États-Unis, mais il y aura forcément une contagion", estime-t-il.

L'économie française, au printemps, a connu un coup d'arrêt brutal (-0,1%), sur fond de grève contre la loi Travail et de craintes liées au Brexit et aux attentats. Et la reprise de l'activité au troisième trimestre (0,2%) a été trop faible pour combler ce trou d'air.

Ce contexte a poussé mercredi la Commission européenne, dans ses prévisions d'automne, a abaissé son hypothèse de croissance en France à 1,3% en 2016, contre 1,5% précédemment. Un chiffre conforme à la dernière prévision de l'Insee, publiée fin octobre, mais aussi à celles du Fonds monétaire internationale (FMI) ou de l'OCDE.

D'après la Commission, qui parie sur 1,4% de croissance l'an prochain, la France devrait néanmoins tenir ses objectifs de déficit public: ce dernier s'établirait à 3,3% du PIB en 2016 et 2,9% l'an prochain - un chiffre légèrement supérieur à celui du gouvernement (2,7%), mais sous la barre des 3% promise à Bruxelles.

"Ca reste l'objectif que nous devons mettre en oeuvre jusqu'au bout", a assuré Michel Sapin, pour qui "l'effort d'assainissement des finances publiques réalisé sur le quinquennat permettra à la France de sortir de la procédure pour déficit excessif, à laquelle elle est soumise depuis 2009".

D'après le ministre, la croissance plus faible que prévu n'empêchera par ailleurs pas de créer des emplois. "Avec un peu plus de 1,3% de croissance ou autour de 1,3% de croissance, nous faisons reculer le chômage", a-t-il assuré.

Cette baisse, d'après les prévisions d'automne de Bruxelles, sera néanmoins limitée: le chômage passerait ainsi de 10% en moyenne sur 2016 à 9,9% en 2017, puis et 9,6% en 2018.

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