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"Deal" ou "no deal"? La balle dans le camp de Johnson sur la suite des négociations post-Brexit

Le Premier ministre britannique Boris Johnson doit donner vendredi sa position sur la suite à donner aux négociations commerciales post-Brexit après un sommet européen qui a donné lieu à un dialogue de sourds entre Londres et les 27.

Les discussions pour arriver à un accord de libre-échange n'ont toujours pas connu de percée majeure et un "no deal", potentiellement dévastateur pour des économies déjà fragilisées par la pandémie, se fait de plus en plus menaçant: le 1er janvier, les règles européennes cesseront de s'appliquer au Royaume-Uni.

"On nous a dit que c'est au Royaume-Uni de faire tous les compromis dans les jours à venir. Ce n'est pas comme cela que doivent se passer des négociations", a estimé le chef de la diplomatie britannique Dominic Raab vendredi sur Sky news, dénonçant notamment "l'impact dévastateur" du partage des eaux britanniques sur son secteur de la pêche.

Il s'est dit "déçu et surpris par le résultat du conseil européen" et a ajouté que le gouvernement ne pouvait désormais "pas donner une garantie en béton qu'un deal" serait conclu, remettant la balle dans le camp de Bruxelles.

Bruxelles estime qu'un compromis sur un éventuel accord de libre-échange doit être trouvé d'ici à la fin octobre pour pouvoir être mis en oeuvre en janvier. Mais Boris Johnson avait fait du sommet de jeudi une date butoir, estimant que faute de compromis, les deux parties devraient l'"accepter et aller de l'avant".

Les chefs d’État et de gouvernement de l'UE ont constaté "avec inquiétude que les progrès réalisés sur les questions clés qui intéressent l'Union ne sont toujours pas suffisants pour qu'un accord soit conclu" dans le peu de temps dont disposent encore les deux parties.

Ils ont demandé à ce que Londres fasse "le nécessaire pour rendre un accord possible", semblant durcir leur position par rapport aux échanges survenus plus tôt dans la semaine entre Boris Johnson et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

Piqué au vif, le négociateur britannique David Frost s'est dit "déçu" par les demandes européennes et même "surpris que l'UE ne s'engage plus à travailler de manière intensive" au vu de ces conclusions.

-Barnier propose de continuer -

Les pourparlers entre Londres et Bruxelles achoppent toujours sur trois sujets: l'accès pour les Européens aux poissonneuses eaux britanniques, les garanties réclamées à Londres en matière de concurrence - malgré de récents progrès - et la manière de régler les différends dans le futur accord.

Boris Johnson, qui doit s'exprimer dans la journée, a déjà affirmé que son pays était prêt à un "no deal", qui marquerait l'introduction brusque de quotas et droits de douanes entre le bloc et le Royaume-Uni, et bloqueraient l'accès aux eaux britanniques pour les pêcheurs européens.

Le négociateur européen Michel Barnier a cependant assuré jeudi qu'il souhaitait continuer à négocier de manière "intensive" la semaine prochaine à Londres, puis la suivante à Bruxelles.

"J'ai proposé à l'équipe britannique de négocier dans le bref espace de temps qu'il nous reste, de façon à discuter d'un accord jusqu'à fin octobre", a-t-il expliqué, se disant "absolument déterminé à trouver un accord juste".

Michel Barnier "dispose de toute la flexibilité nécessaire pour continuer à négocier", a assuré vendredi matin le Premier ministre irlandais Micheal Martin, dont le pays se trouve en première ligne en cas d'échec.

Face à la menace d'un "no deal", la chancelière allemande Angela Merkel, dont le pays occupe la présidence tournante de l'UE, est revenue en partie jeudi soir sur l'attitude tranchée des Européens, appelant à des concessions de part et d'autre pour débloquer les négociations.

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